mercredi 27 novembre 2013

Retour sur le second degré et l'humour - brasserie Le Corsaire

La Microbrasserie Le Corsaire s'est attiré les foudres de beaucoup en créant des bières nommées «La Petite Pute», «La Blonde facile» et «La Vicieuse», et surtout en utilisant une barbie dont il faut tirer les cheveux pour faire couler de la bière en fût. De manière moins visible et moins scandaleuse, Archibald Microbrasserie a également développé des noms de bière correspondant à des stéréotypes uniquement féminins, telles que « La Tite'Kriss » et la « Matante », instrumentalisant l'érotisme dans les représentations. Ce billet s'attardera cependant uniquement à un élément de controverse entourant Le Corsaire.

La brasserie Le Corsaire se serait défendue en invoquant le second degré, une stratégie commune à peu près à tous les humoristes sexistes et racistes du Québec. C'est un argument totalement invalide, dans la plupart des cas.

Ce qui est du second degré

Selon Wikipédia, le second degré, en humour, « consiste à dire ou laisser croire le contraire de ce que l'on pense, en particulier par ironie. » Ajoutons que le sens d'une phrase ou d'une action ironique peut être interprété comme simplement différent, et non pas opposé, au premier degré. Mais de manière reconnue, l'objectif est principalement de se moquer de la position adoptée.

Le deuxième degré n'est pas nécessairement intelligent. Il n'est pas nécessairement respectueux, subtil et fin. Il peut être d'une grande méchanceté et vous rentrer dedans comme un train.

Un exemple de second degré: faire semblant d'adopter un discours, le caricaturer pour lui donner des apparences de connerie. J'ai par exemple trouvé ce compte sur Facebook:

L'auteur-e du compte est allé jusqu'à caricaturer la récupération des autochtones dont se rendent souvent coupables les «patriotes» québécois-es, surtout les proches du RRQ. Il/elle a aussi pensé à s'inventer deux diplômes à l'UdeM, comme pour faire chier ceux et celles qui voudraient le dépeindre comme un ignorant pas éduqué.

Ici, on joue sur l'ambiguïté: non seulement on se moque de ceux et celles qui tiennent réellement ce genre de propos, mais aussi des gens qui pourraient prendre celui-ci au sérieux. Un mélange de second degré et de canular!

À l'extérieur du Far Web, Foglia aussi fait beaucoup dans le second degré. On peut entre autres se souvenir d'une chronique de 2009, qui en a scandalisé beaucoup, et dans laquelle il écrivait: « Mais la vraie question que nous pose l'écologie, je vous la pose maintenant : avez-vous bien mis vos pelures de banane dans le bac vert? Et la boîte de petits pois dans le bac bleu? C'est juste ça, l'écologie. Le reste, c'est du communisme. »

Deux jours plus tard, il fallait qu'il explique à ses lecteurs et lectrices que c'était uniquement du second degré : «René Homier-Roy se demandait hier matin si des lecteurs étaient passés à côté de «l'ironie totale» - ce sont ses mots - de ma chronique de jeudi. Vous n'imaginez pas, René. Un record de tous les temps. Plein qui m'ont félicité d'avoir enfin compris. Même Jeff Fillion. Plein d'autres tellement fâchés...»

Je pratique moi-même le second degré sans aucune pudeur. Même quand le fond de mon message est un compliment, il m'arrive de l'utiliser. De plus, c'est une méthode de trollage extraordinaire. Exemple: pour faire marrer un de mes amis, je lui écris ceci:
Il se trouve qu'il a été le seul à comprendre. Je me suis tapé mes pires réponses à vie, incluant: « Fuck toé pis ta race de "..." avec ta face en cartoon! » Et j'espère bien qu'on m'aurait servi ce genre de réponses si j'avais été sincère.

Quand je vois qu'on me prend au sérieux, j'en rajoute. La grossièreté et la stupidité de mes paroles ou messages augmente jusqu'à ce qu'on finisse par comprendre.

Il est parfois difficile de savoir si quelqu'un est sérieux ou non. Pourquoi? Parce qu'on est partout confronté-e-s à la connerie la plus absurde. Ainsi, il est peu probable que Dominic Maurais, malgré son ridicule clownesque, donne dans l'ironie et soit en réalité un gauchiste qui vote pour Québec Solidaire.

Pour que les gens comprennent qu'il s'agit de second degré, d'humour pince-sans-rire ou je-ne-sais-quoi d'autre, il faut quand même laisser quelques signes. Changer le timbre de sa voix fonctionne assez bien. Mais il est possible d'adopter des techniques plus subtiles. Par exemple, dans le message Facebook précédent, mon avatar portait un carré rouge sur la poitrine. Selon moi, c'était un signe suffisant pour qu'on comprenne que je m'attaquais aux gens qui ont l'habitude de tenir ce discours contre moi!

Si on n'arrive pas à faire comprendre à notre auditoire que notre propos est du second degré ce n'est par ailleurs pas nécessairement parce que cet auditoire est con. C'est peut-être aussi parce qu'on manque de talent dans la maîtrise de la subtilité, qui demande un juste équilibre entre le dit et le non-dit.

Je connais beaucoup de militantes féministes (radicales ou pas) qui pratiquent également le second degré sur une base quotidienne. Le mythe stupide voulant qu'elles n'aient pas d'humour est par ailleurs totalement faux. Selon mon expérience personnelle, elles n'en n'ont ni plus ni moins que les autres. Idem pour leur compréhension de l'ironie et du sarcasme. J'aimerais qu'on leur foute la paix un peu sur le sujet.


Ce qui n'est pas du second degré

On en revient au coeur du problème: beaucoup de gens défendent leurs propos offensants en prétendant qu'illes font en fait du second degré, à un tel point que le « second degré » en est venu à décrire à peu près n'importe quoi. C'est pourtant assez rarement le cas. Dans l'histoire de la «Petite Pute», cette défense est assez peu crédible. Il s'agit effectivement d'humour, c'est indéniable. Mais est-ce que les brasseurs souhaitaient par leur geste condamner l'exploitation et la violence sexuelles, souvent liées, dans l'imaginaire collectif, à la prise d'alcool? Ou même de ridiculiser le machisme? Peu probable.

Il en va de même pour la plupart des blagues controversées de Guy Nantel, Mike Ward, JF Mercier, etc. Sans dire que ces derniers ne donnent jamais dans le second degré, nous sommes tout de même en mesure de bien distinguer les formes d'humour, que ça leur plaise ou non.

Quand les humoristes, publicistes, chroniqueurs/euses et autres prétendent au « second degré », il s'agit en fait souvent de simples hyperboles, des exagérations d'archétypes auxquels le public doit adhérer massivement. Il n'y a pas d'ironie là-dedans. Évidemment, ce n'est pas «sérieux». Mais ce n'est pas non plus du second degré.

Les blagues salaces et provocantes (notamment les jokes de bébés morts, de Cédrika Provencher, de viol, de meurtre, etc.) ne sont pas nécessairement non plus du second degré. Elles comptent plutôt sur l'effet de surprise ou sur la violation des tabous, ce qui dans plusieurs cas, est franchement nécessaire. C'est important d'enfoncer des portes verrouillées depuis trop longtemps: mais ce n'est pas nécessairement par l'ironie que ça passe.

Le second degré peut être de mauvais goût, même quand il vise à dénoncer les abus.

Je peux donner quelques exemples concrets. Dans le film Kickass II, une scène de tentative de viol avec pénétration (dans la BD originale, il s'agit d'un viol qui aboutit à la pénétration vaginale) met aux prises l'amoureuse du héros et son adversaire surnommé The Motherfucker. Le méchant en panne d'érection n'arrive cependant pas à "violer" la jeune femme. L'objectif est donc de ridiculiser le rôle du violeur et de dépeindre celui-ci comme un lâche et un homme qui manque de virilité.

Mais ça n'en fait pas une blague de bon goût. Pourquoi? Tout d'abord parce qu'elle est une critique machiste du viol. Elle associe la panne érectile d'un homme non-viril au viol, qu'on pourrait opposer à la virilité assumée et vraie d'une relation consentante, un message totalement hallucinant! Ensuite parce que Night bitch, la personne ayant subi l'agression, prend la responsabilité de cette agression et affirme que c'est totalement de sa faute. Un propos qui n'est jamais explicitement réfuté par la suite. Et il y a plus, plus encore.

Le second exemple de second degré de mauvais goût: le texte de Gab Roy sur Mariloup Wolfe, critiqué ici par Jocelyne Robert. Si plusieurs contestent le deuxième degré dans ce texte, c'est selon moi parce que ce procédé humoristique est devenu le synonyme d'un humour de qualité, opposé à tout ce qui est qualifié de premier degré, autrement dit minable.

Comment oserions-nous en effet qualifier un numéro à ce point médiocre de second degré? Les imbéciles ne font pas dans la haute-voltige! Trois mots seulement suffisent pourtant à prouver le contraire: Mathieu, Bock et Côté. Un personnage de fiction, le père de Perceval dans Kaamelott (que je n'évoque pas ici pour la première fois), illustre également assez bien le fait que la maîtrise du style ne garantit en rien l'intelligence du/de la messager/ère.



Il est clair que Gab Roy s'est mis dans la peau d'un douchebag macho qui rêve d'avoir une relation abusive avec Mme Wolfe. Et qu'il a cherché à ridiculiser ce fantasme à l'aide de son texte. La personnalité de Gab Roy suffit d'ailleurs à comprendre que c'était du deuxième degré, et non pas une simple plaisanterie qui viserait, par sa poésie, à nous faire rire. Et pourtant, ça reste offensant, sexiste, et s'intègre tout à fait bien dans ce qu'on appelle la culture du viol.

Bref: le deuxième degré, c'est pas toujours intelligent.

L'humour comme instrument politique et social

Il est naïf de croire que l'humour n'a pas d'effet sur la société. L'humour est au contraire un instrument puissant, utilisé partout comme tel, incluant dans la propagande nazie des années 30-40. Il sert l'opprimé comme l'oppresseur. Dans la sphère politique, il passe un message longuement réfléchi: il associe un-e opposant-e à une caricature, il utilise l'allégorie pour vulgariser des concepts abstraits, il fait des synthèses. Il dit beaucoup en peu de mots grâce à l'utilisation de référents communs chez le public visé.

Dans la sphère sociale, c'est la même chose. L'humour encourage ou dénonce des normes, fait la promotion d'archétypes, vise à montrer qu'on est pas intimidé-e-s, etc. Son importance ne peut être négligée en aucun cas. Celui ou celle qui détient les clefs de l'humour possède un important levier de pouvoir. Et ça vient avec la même responsabilité que n'importe quelle autre aptitude. En cela, il peut être sujet à des critiques et des dénonciations!

mardi 26 novembre 2013

Une perte pour l'art, et d'autres drames.

Les nouvelles tristes arrivent toutes en même temps, et le climat à Montréal est devenu toxique. Je ne reviendrai pas sur certains évènements terribles qui ont été révélés récemment - je n'ai vraiment rien de pertinent à ajouter - mais cela contribue largement à la déprime générale.

Il faut aussi rappeler que Youri et Guillaume sont encore en prison, et que l'audience pour leur libération conditionnelle a été repoussée. Je vous rappelle donc que vous pouvez leur écrire (même si vous ne les connaissez pas). Ces temps-ci, ils ne reçoivent plus beaucoup de courrier.

Comme si ce n'était pas suffisant, il fallait que la mort de Nicolas P. ajoute de la pénombre à la grisaille. Je dis « mort » encore comme si je n'y croyais pas. Cet artiste qui a touché beaucoup de monde par son talent et sa sensibilité est parti de lui-même. Ça s'est passé dernièrement. Il laisse toute la communauté sous le choc. C'est un être humain qui nous quitte, mais aussi des myriades de projets qui ne seront pas réalisés.

Nicolas participait souvent aux cabarets anarchistes, pendant lesquels il présentait souvent des textes remplis de douleur et de remises en question. Mais c'était toujours magnifique et plein de vie.

S'il lui survit quelque chose, espérons que ce soit cette énergie-là.

lundi 11 novembre 2013

Bon Jour du Souvenir.

J'ai été éduqué dans un antimilitarisme viscéral. Je dois à mes parents de m'avoir transmis cette haine sans nuances pour l'uniforme, les guerres et les armes, qui s'est transformée graduellement en anti-autoritarisme général, car j'en suis venu à ne pas supporter, non plus, toutes ces mimiques de l'armée et de la prison que sont les appels à l'école primaire, le fait de se mettre en rang, d'avoir un numéro pour aller manger (moi c'était 98), de garder le silence, de demander la permission pour aller pisser, de ne pas se voir reconnaître le droit de vivre sa propre vie.

À chaque année, quand j'étais à l'école secondaire, l'armée canadienne tenait un kiosque dans la grande place, près des casiers, dans ma polyvalente. Ça devait durer une semaine. Parfois, ils venaient jusqu'à deux ou trois fois par année. Toutes les fois, c'était sous un autre visage que se présentait l'armée: cadets, réserve, forces régulières. Ce sont des ados de 14 à 16 ans qu'on tentait de séduire, de préparer à rentrer dans les rangs, avec des promesses stupides et un dessein réellement meurtrier.

Les cérémonies qui entourent le Jour du Souvenir ne sont qu'une autre manifestation du militarisme rampant que nous subissons, de cette discipline prussienne imposée aussi dans les écoles et les usines. Un jour du Souvenir qui glorifie le soldat mort pour rien, qui a fortement tendance à oublier les pertes civiles, et qui a presque banni le mot « horreur », de la même manière que ces reconstitutions pseudo-historiques de batailles oublient de mentionner que la plupart des soldats de la guerre de Sept ans (et de plusieurs autres) sont morts de maladie et de faim, et non pas d'une balle au coeur, prétendument héroïquement.

En ce Jour du Souvenir, je me souviens que beaucoup de mes semblables ont déserté les tueries et les guerres impériales, qu'illes ont fraternisé avec l'ennemi lui aussi libéré de sa haine, ou qu'illes ont désobéi, et que malgré la honte nationale qui préfère les oublier, moi je les admire.

mercredi 6 novembre 2013

Une attaque contre des véhicules du ministère de la Sécurité.

Cet acte de vandalisme politique très léger semble avoir passé totalement inaperçu dans les mass médias, mais il a apparemment été revendiqué le 3 novembre par un collectif sans nom, opposé à la prison et au délire sécuritaire de l'administration provinciale

Vous pouvez vous faire une idée par vous-mêmes, mais je trouve cet évènement curieux. Curieuse diffusion du texte (essentiellement sur des réseaux extérieurs à Montréal, faut croire), curieux aussi que je n'en ait pas entendu parler avant - quoique j'ai manqué quelques bonnes histoires au cours des dernières semaines.

Un canular? Une action qui se voulait discrète? Le public visé était-il extérieur au Québec? Pourquoi avoir spécifiquement nommé deux prisonniers politiques?

Par ailleurs, si je ne me prononce pas sur l'acte en tant que tel, je suis totalement d'accord avec le message envoyé dans la déclaration du groupe, qui met l'accent sur des problèmes graves amenés par le système carcéral. C'est une déclaration basée sur une réalité matérielle et qui ne donne pas dans le flafla théorique.

lundi 4 novembre 2013

Mon vote

Ça faisait une éternité que je ne suis pas entré dans un bureau de vote. J'y suis finalement allé hier. Que mes lecteurs/trices bien-pensant-e-s ne se réjouissent pas tout de suite cependant: je n'ai pas voté pour Projet Montréal, un parti que j'abhorre, un parti qui me donne de l'urticaire, mené par un autoritaire obsessif qui se soigne pas. J'ai pas voté non plus pour un-e indépendant-e: le seul qui passait presque le test était selon moi Denis Mcready, mais il s'est retiré en début de course. Les autres m'ont découragé après avoir prononcé en moyenne deux mots.

Pour dire vrai, je suis allé voter comme on prend une marche. Je suis entré, j'ai vu qu'il y avait pas de file (s'il y en avait eu une, ça aurait d'ailleurs été suffisant pour me dissuader - scandaleux non?), j'ai écrit « fuck you » sur mes trois bulletins de vote, j'ai tout mis dans le ballot et je suis parti.


Je me demande maintenant pourquoi je l'ai fait. Des raisons, j'en avais en partant de chez moi. Je me suis dit que j'y allais juste pour le fun. Juste pour prendre une marche et visiter l'école primaire de mon voisinage. Juste pour le trip d'écrire «fuck you». Pour voir si c'est aussi extraordinaire qu'on le dit.

Voter n'est pas un sacrifice héroïque

Ma première constatation est que voter est d'une facilité extrême, du moment qu'on a pas de problème de mobilité. Il n'y a rien d'héroïque là-dedans. Les gens qui s'enorgueillissent sans arrêt de « faire leur devoir de citoyen » ne se rendent pas compte de la simplicité stupide de leur acte. Pour une certaine classe de gens, qui sont adultes, possèdent une voiture et vivent dans un certain confort économique, les élections ne sont qu'une sorte de jeu duquel ils retirent un mérite disproportionné, né de la stigmatisation d'un large groupe présumé trop paresseux pour même avoir quelque chose à crisser de ce cirque. La plupart de ces chevaliers de la démocratie ne se livrent pourtant pas à autre chose qu'à une très bête partisanerie, et je parierais que beaucoup n'ont pas pris la peine d'étudier en profondeur les candidatures de chacun-e de leurs champions. Leur «devoir de citoyen», c'est un écran de fumée pour se donner bonne conscience. D'ailleurs il y en a plein là-dedans qui franchissent les lignes de piquetage au Renaud-Bray même-si-on-les-appuie-mais-c'est-la-fête-à-mon-ami, j'en suis sûr.

Si ces gens-là avaient réellement fait leur devoir de citoyen, et en admettant que le devoir de citoyen veuille vraiment dire quelque chose, ils seraient en prison, comme Youri, et comprendraient enfin que de réellement défendre l'opprimé-e, c'est considéré comme un crime. Illes comprendraient aussi que quand on donne tout, eh bien... on se retrouve avec rien.

Je me sens idiot et faible

C'est ma deuxième constatation. En revenant chez moi, j'ai réfléchi sur les véritables raisons de mon acte. Pourquoi suis-je allé me mettre en ligne? Est-ce que ce n'est pas, au fond, par paresse? Parce que j'étais écoeuré de me faire harceler par tout le monde et que je n'avais plus envie de passer des heures à me justifier lors de discussions interminables? Est-ce que j'ai cédé aux insultes et au paternalisme? Parce que c'était plus facile socialement de dire que j'étais allé dans l'isoloir? Je ne sais pas. J'espère que non.

J'ai entendu sans arrêt ce fameux « Au moins, va annuler ton vote! ». Personne n'a jusqu'à maintenant offert une réponse rationnelle. J'ai eu le droit à « voter c'est acheter le droit de chiâler », ou « des gens sont morts pour défendre ce droit ». Rien de satisfaisant. Que des slogans incohérents et des phrases bien-pensantes.

Mais maintenant que je l'ai fait, j'ai l'impression d'avoir envoyé un faux message. Celui d'avoir cautionné le système, malgré le « fuck you » sorti de mes tripes. C'est peut-être ça, au fond, que les gens attendent de moi, réellement. Que je cautionne. Que je dise que j'accepte les règles du jeu.