mardi 1 octobre 2013

Mort aux prisons et à toute forme d'autorité - G20

Il y a déjà trois étés, une des plus importantes répressions politiques de l'histoire récente du Canada s'est déroulée à Toronto, pendant que des leaders et « créateurs de richesse » criminels et assassins prenaient des décisions en huis clos. Les sociopathes qui se disent nos représentant-e-s élu-e-s avaient patiemment dressé un puissant piège contre les contestataires: un dispositif impressionnant comprenant des essaims de milliers de flics, des clôtures, des contrôles, des caméras. Et par milliers, des flics incontrôlables ont harcelé, humilié, frappé, torturé, agressé sexuellement la population et les manifestant-e-s. Fouilles à nu systématiques, arrestations arbitraires, détentions dans des conditions insalubres: l'Ordre n'a reculé devant rien pour écraser tout ce qui ressemblait à de la dissidence.

La plupart d'entre nous en sommes ressorti-e-s avec seulement un très mauvais souvenir. Nous nous rappelons que pendant que la police menait une chasse brutale contre nous dans le cadre de l'opération « fox trap », des médias complices et des politicien-ne-s enragé-e-s, au lieu de nous venir en aide, nous ont stigmatisé-e-s. La responsabilité de toute violence incombe autant à ceux qui l'exercent directement qu'à ces provocateurs/trices haineux/ses qui justifient la répression ou qui la nient, défendant à corps perdu les forces de l'ordre. Ces gens-là protégeraient des génocidaires plutôt que de critiquer les fondements de l'autorité qui perpétue ces crimes.

Plusieurs ont néanmoins connu pire que les quelques jours passés dans une taule dégueulasse, froide et surpeuplée. Nous avons à peu près tous et toutes entendu parler du sort vraiment épouvantable réservé à des gens comme Leah Henderson, Jaggi Singh et Alex Hundert, et autres « ringleaders », qui ont assez rapidement subi les foudres de ce que l'ironie inhérente à notre société appelle la justice. Plusieurs des accusé-e-s du G20 ont dû passer plus d'un an en prison, certain-e-s documentant d'ailleurs leur expérience et l'épreuve nouvelle qu'a constitué une incarcération dans des conditions qui feraient l'admiration des architectes des camps de concentration.

Youri et Guillaume, six mois en-dedans

Et ça se poursuit. Après trois ans, la guillotine aveugle du juge continue de trancher des vies, en l'occurrence celles de Youri et de Guillaume. Après ces années de multiples arrestations, de harcèlement politique et de procès kafkaïens, pendant lesquels des raclures de fachos ont soumis une argumentation truffée de trous, de raccourcis et de mensonges, après des délais ridicules, le juge rend finalement une décision clairement politique. L'establishment montre par le fait même qu'il n'a pas changé ses méthodes depuis le procès des cinq et la Loi sur les mesures de guerre. Il frappe quand et où ça lui tente.

Il ne cherche pas à « rendre justice » mais à protéger l'ordre en nous terrorisant, distribuant cà et là les coups de matraque, mais surtout en s'acharnant sur les individus qu'il parvient à identifier clairement comme de vrai-e-s dissident-e-s, leur accordant des peines exemplaires pour des méfaits flous, incertains, souvent fantasmés et la plupart du temps absolument mineurs et/ou sans victime.

C'est une évidence: ces deux gars-là n'ont pas leur place en-dedans, pas plus que tous les autres qui y sont passé-e-s dans les suites du G20 et de la grève étudiante. Cette prison qu'on impose en majorité à des gens qui ne sont un danger pour personne n'est qu'un lieu de destruction de l'individu et dépasse de loin son objectif punitif.

Et toutes ces sous-merdes qui soutiennent par leur travail cette machine participent au sabotage des vies de tous et toutes. Du fonctionnaire le plus insignifiant au screw le plus brutalement zélé, ces cadavres animés sont tous et toutes des Eichmann en puissance, pour qui le mal radical est une oeuvre quotidienne; un assassinat par le papier. Ce n'est pas qu'un juge et une procureure qui mettent Youri et Guillaume en prison. C'est toute une galaxie de petit-e-s flics, sous-flics et sous-sous-flics-adjoint-e-s minables, paranos ou indifférent-e-s, pour qui l'impunité est une garantie aussi sûre que la retraite.

Pas de consolation, que de la colère.

Ces types qui font leur travail sans apparent examen de conscience, la main sur une loi idiote et conçue pour du bétail, la phrase moraliste sur le bout des lèvres en plus, je les hais de tout mon coeur. Que n'existe-t-il un enfer spécifiquement creusé au fond d'un puits sans lumière pour ces ordures! Je suis prêt à entrer dans toute religion qui leur en inventera un.

Penser à l'état dans lequel peut se trouver mon ami m'est insupportable. Et savoir qu'il n'y aura sans doute jamais de réparation pour toute cette souffrance déjà endurée et à venir l'est aussi.

Il n'y a d'espoir que dans la destruction méticuleuse de toutes les idoles de la Loi et de l'État. Un jour il faudra bien qu'elles éclatent, comme du cristal!

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À lire: un autre texte de solidarité envers Guillaume et Youri. 

Mise à jour: l'audience aura lieu demain, 9h00, au palais de justice de Montréal (1, Notre-Dame).

Remise à jour: Youri témoigne dans un article publié par Marc-André Cyr.

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