lundi 26 août 2013

Communiqué contre l'armée égyptienne et toute forme de tyrannie.

Ceci est une (ma) traduction en français d'un communiqué récemment émis en anglais sur le site Void Mirror. Je réagis, par la publication de ce texte, au triste et inexplicable soutien à l'armée par un vaste pan de ma communauté.

Communiqué d'anarchistes d'Égypte (Tahrir-ICN), 17 août 2013

Les évènements des jours passés sont la dernière étape d'une séquence d'évènements par lesquels l'armée a pu consolider sa poigne sur le gouvernement, visant à terme la mort de la révolution et un retour à l'État policier/militaire.

Le régime autoritaire des Frères Musulmans devait partir. Mais ce qui l'a remplacé montre bien la vraie nature des militaires d'Égypte. Ce nouveau régime n'est pas moins autoritaire, pas moins fasciste... et certainement cette fois-ci plus difficile à renverser.

Le massacre perpétré par l'armée contre les partisans de Morsi aux places Nahda et Raba'a a fait environ 500 mort-e-s et 3000 blessé-e-s (du moins, c'est ce qu'en dit le ministère de la Santé - la réalité risque d'être bien plus dramatique). C'était un acte prémédité de terrorisme d'État. Son objectif est de diviser le peuple et de pousser les Frères Musulmans à augmenter leurs activités de milice, afin de se venger et de se protéger. Cela permettra éventuellement à l'armée de dépeindre tous les Islamistes comme des terroristes et de créer un « ennemi intérieur » commode, ce qui leur permettra de garder le régime militaire dans un constant état d'urgence.

Aujourd'hui, ils s'attaquent aux Frères musulmans, mais demain, il iront contre toute personne qui osera les critiquer. Déjà, l'armée a déclaré l'État d'Urgence pour un mois, accordant à la police et l'armée des pouvoirs d'exception, et un couvre-feu a été déclaré dans plusieurs provinces entre 19h00 et 6h00. L'armée a maintenant les mains libres afin de supprimer toute dissidence. Nous vivons réellement un retour aux jours d'avant la révolution, alors que la loi sur les mesures d'urgence, en place depuis 1967, avait créé une structure de vaste répression et de déni total des libertés.

La nature du nouveau régime est claire. Il y a quelques jours seulement, dix-huit nouveaux gouverneurs ont été choisis, la majorité provenant des rangs de la police et de l'armée, ou même du l'ex-gouvernement Moubarak. Parallèlement, les attaques contre les travailleurs/euses en grève qui luttent pour leurs droits se poursuivent (notons par exemple l'agression et l'arrestation des ouvriers des aciéries à Suez). Le régime militaire a également déclaré la chasse aux activistes révolutionnaires; des journalistes ont été battus et arrêté-e-s; des étrangers/ères menacé-e-s alors qu'illes étaient témoins d'évènements tragiques. Les médias locaux et internationaux répandent des demi-vérités et inventent des récits qui servent un certain agenda politique. La contre-révolution est en marche et elle sait comment anéantir l'unité du peuple, dans son effort de division pour mieux régner.

Au cours des deux derniers jours, il y a eu une augmentation des conflits religieux. Jusqu'à cinquante églises et institutions chrétiennes ont été attaquées. Ni la police ni l'armée n'ont été vues sur les lieux, en train de protéger les édifices appartenant à la communauté chrétienne. Car c'est en fait dans l'intérêt à la fois de l'armée et des Frères Musulmans d'exciter les tensions et de répandre la terreur et la haine dans le peuple. Ils luttent pour le contrôle de l'État pendant que le sang de la population coule dans les rues.

Nous condamnons les massacres aux places Raba'a et Nahda, les attaques contre les travailleurs/euses, contre les activistes et les journalistes, nous condamnons la manipulation du peuple par des gens qui ont l'ambition du pouvoir, et les attaques à caractère religieux. Pour que la révolution se poursuive, le peuple doit rester uni dans son opposition contre les abus et la tyrannie du pouvoir, peu importe contre qui la répression est dirigée.

À bas les militaires d'Al-Sissi!
À bas les raclures du régime Moubarak et l'élite financière!
À bas l'État, tout le pouvoir à des communautés autogérées!
Longue vie à la révolution égyptienne!