mercredi 20 mars 2013

Les délires homophobes de Radio-Pirate.

Pendant que des manifestant-e-s qui n'ont rien fait de mal se font arrêter sous les applaudissements des chroniqueurs/euses et commerçant-e-s qui s'inquiètent pour le chiffre d'affaires des grands hôtels, la campagne de publicité du gouvernement contre l'homophobie provoque des réactions d'une violence verbale inouïe. La droite n'a aucun problème avec les dépenses en répression et un État qui investit massivement dans le viol de nos droits et libertés, mais elle refuse que «ses taxes» servent à financer la lutte contre la discrimination.

Jeff Fillion, qui anime toujours à sa station de web-radio, a plongé dans un délire haineux encore plus profond. J'ai cru en premier lieu que ses déclarations dérangeantes - et dignes d'un dérangé - avaient passé inaperçues, mais elles ont finalement été ridiculisées par les animateurs de « La soirée est encore jeune » vendredi dernier

J'aurais aimé en faire une analyse fermement dénonciatrice, mais je pense que le résumé, accompagné de plusieurs citations, suffira. Notez que je n'ai pas tout mis, même si ça peut sembler difficile à croire.

Les deux extraits sont disponibles sur RadioEGO.com. Le premier est celui qui va le plus loin dans la haine et daterait du 7 mars dernier.

Je résume les propos:

- Fillion et sa bande trouvent que deux gars qui s'embrassent, c'est dégueulasse, même si en théorie ils « n'ont rien contre l'homosexualité ».
- Il affirme qu'on parle trop d'intimidation en public, que c'est devenu une frénésie, que tout le monde a quelque chose de laquelle on peut rire et qu'on ne devrait alors pas faire grand cas de cela.
- Fillion tombe dans les stéréotypes: il parle des gays qui travaillent dans des boutiques de vêtements et qui ont des voix féminines comme étant une règle absolue.
- Lui et ses co-animateurs disent que les homosexuel-le-s sont des cas « exceptionnels » et ne représentent que 2-3% de la population. Cet argument revient à quelques reprises. « Ça reste dans la marginalité de la population », parvient à articuler un de ces singes savants.
- Il prétend à quelques reprises que « l'homosexualité n'est pas comme l'hétérosexualité », refusant de mettre sur un pied d'égalité le couple gay du couple hétéro. Il affirme d'ailleurs que les gays qui se marient veulent juste des avantages fiscaux, alors que dans son couple, c'est la famille et les « valeurs » qui sont importantes.
- Il est frustré à l'avance de devoir expliquer à sa fille ce qu'est l'homosexualité. C'est un argument qui est repris par la suite. Sous-entendu: le gouvernement viole leur liberté de choisir le moment où ils répondront enfin aux questions de leurs enfants sur l'homosexualité.
- « Les enfants ont pas à affronter des hommes avec des pinchs qui se frenchent. » Suivi d'un classique « dans mon temps, ça se passait pas de même. »
- Fillion affirme faire son coming out d'homophobe: « Chus limite! Chus juste sur le bord ! » 
- « Que quelqu'un qui par choix ou parce qu'il est né de même [...] »
- Fillion ne peut pas contrôler son dégoût envers les homosexuels: « On contrôle pas ça. Ça nous écoeure. »
- Il s'attaque ensuite à Jasmin Roy. « Jasmin Roy, qui représente tout ce qui nous énerve. » « Il se sert de son homosexualité pour devenir victime de toute, là. »
- L'animateur avertit ensuite le gouvernement. « Vous allez reculer. » « Les gens vont avoir un ras-le-bol, un trop-plein. » « Laissez-nous tranquilles avec les gars qui se frenchent. »
- On lit une lettre d'auditeur pendant l'émission: « une phobie c'est une peur. Trouver que quelque chose est anormal n'est pas une peur. Une peur est souvent causée par une ignorance. Ce qui n'est pas le cas de l'homophobie. On sait c'est quoi. Et ça nous fait pas peur. De plus évolutionnellement parlant il n'est pas normal qu'une espèce développe un comportement qui ne favorise pas la survie de cette espèce. Si tout le monde était homo, l'espèce s'éteindrait en moins de 120 ans. »
- Jeff en rajoute: « J'ai un côté rationnel. [...] Quand on utilise le rationnel, ben, effectivement, on est obligés de dire que... oui on l'accepte, mais ya un boutte... ça marche pas! Rationnellement! » 

Par la suite, Jeff et ses co-animateurs tombent dans une digression raciste, dans laquelle ils s'accordent pour dire qu'un mécanicien noir ou « taliban » est moins attirant qu'un mécanicien blanc. Mais ils reviennent rapidement au sujet du jour.

- « Comme société, nous n'avons pas à payer à heure de grande écoute pour voir des hommes qui s'embrassent. » 
  
Mais ça ne dure pas longtemps. Fillion décide de s'attaquer à d'autres déviances, dont le « naturalisme » (sic). « On s'entend-tu que ça, c'est de la maladie mentale. ok, on va se le dire. Je veux pas vous empêcher d'y aller, je veux pas vous crisser en prison, mais moi, si un de mes amis me dit là, que si lui il veut passer deux semaines, les semaines de la construction dans un village nudiste, avec ses enfants, ben crisse, il est pu mon chum. [...] Mon numéro de téléphone tu l'as pu, t'as pu mon e-mail, t'es pu sur mon Facebook, décrisse. »

Même si Fillion a affirmé qu'il ne recommandait pas la prison pour ces malades-là, L'extrait se termine sur cette touche:

« J'me dis ouin, c'est déviant, mais chacun ses déviances... Mais non crisse, d'après le dessin du gouvernement [des pancartes routières] y'amènent leurs enfants! Câlissez-moi ça en prison ce monde-là! Y'amènent leurs enfants! [...] Mais le gouvernement, c'est la tolérance et l'ouverture. C'est tu beau hein? »
 
Le pire c'est qu'il se lance entretemps dans une tirade sur la liberté, défendue selon lui par la droite et les « pirates »: « Les gens de droite, beaucoup les pirates, on veut de plus en plus de libertés individuelles. » Ben oui, c'est ça.

Dans un deuxième extrait plus récent, qui date peut-être d'hier, il s'attaque à l'homosexualité présumé du hockeyeur Josh Gorges. Tout l'extrait tourne autour de remarques homophobes à caractère sexuel. Les animateurs parodient la voix d'homosexuels stéréotypés, parlent de sodomie, se moquent de Price et suggèrent en blague que ses mauvaises performances seraient reliées à son homosexualité:
« Peut-être que Price a besoin de boules chinoises pour performer. ». Les animateurs imitent des hommes qui halètent lors d'un acte sexuel, et font des propositions parodiques qu'ils attribuent au conjoint présumé de Gorges, du style:

« Mets juste tes culottes, et mets des talons hauts. »
« Garde ton gant de hockey pour me masturber. »

« Enlève ta visière [...] Mèq t'arrives, j'vas te licher partout... »

C'est pas compliqué, en bref: les animateurs de Radio-Pirate, surtout Fillion, se livrent à des actions de harcèlement envers des personnes (nommées!) et encouragent la haine.

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