vendredi 21 décembre 2012

Le vandalisme sur les murs de l'UQAM.

L'UQAM a décidé de faire table rase sur des années de création artistique, tout en bloquant l'accès à un espace vital aux étudiant-e-s pendant une bonne partie de la session d'hiver.

Il y a, je pense, au moins dix ans, les étudiant-e-s de l'UQAM ont commencé à gribouiller des choses sur les murs du deuxième étage du Pavillon Aquin, couvrant bientôt dans des teintes monochromes une surface gigantesque. À chaque grève ou occupation de l'UQAM, il y avait de nouveaux débats, dessins et commentaires qui apparaissaient spontanément. C'était intéressant mais d'une esthétique douteuse. L'administration a laissé faire pendant un bon moment jusqu'à ce qu'elle décide de tout couvrir dans une teinte de blanc sale, gâchant une source fascinante d'histoire institutionnelle. Et comme une seule couche de peinture avait été posée, on voyait encore, en-dessous, les vieilles marques faites au crayon feutre. C'était bien plus laid qu'auparavant.

Scandalisé-e-s, les étudiant-e-s se sont plaint-e-s, ont fait pression et ont finalement obtenu, en mars 2010, de repeindre les murs à leur goût. Pendant toute une soirée, des dizaines d'étudiant-e-s ont redécoré les murs, et ce avec la permission de l'UQAM, qui a même tenté de récupérer cet état de fait en vissant de petites affichettes qui disaient "espace d'expression libre" ou un truc de même. Je ne me souviens plus trop de la mention exacte parce qu'on les a toutes arrachées.

Cet art a été créé pour un coût dérisoire et en fait avec énormément de plaisir partagé. Il ne s'agissait pas de vandalisme, mais de poésie, de dénonciation par l'art. L'arrière-plan de mon blogue est d'ailleurs constitué d'un des "graffitis" gribouillés pendant cette période. Il m'est aussi arrivé de guider des ami-e-s dans l'UQAM, entré-e-s expressément pour admirer les murales.

Les journaux ne montrent que les graffitis les plus dégoulinants et les plus laids.

Un autre exemple de "vandalisme" fait sur les murs du deuxième étage du Pavillon Aquin, à l'UQAM.

Et que dire des autres messages de haine!

Ces deux photos datent d'avril 2010 (je me suis fait piquer mon appareil-photo l'été suivant par les flics de Toronto et je ne l'ai jamais revu). Depuis, certaines murales ont été repeintes, d'autres considérablement modifiées (par exemple, "agriculteur" a été féminisé). D'une manière générale, je trouve que les murs ont été améliorés au cours des deux dernières années. Ils ne sont en aucun cas "intimidants". Il y a eu des attaques ad hominem, certes, en admettant que des caricatures de Michèle Courchesne soient des attaques.

C'est évident qu'il y a eu des mauvais choix esthétiques fait par la suite. Les « A » cerclés dessinés dans les vitres des fenêtres, c'était moche comme idée. D'autres artistes ont aussi cochonné le plancher un peu partout. Et certaines phrases prennent vraiment trop de place, ou sont écrites sur la brique, à des endroits peu commodes. On peut faire tenir un message sur une surface lisse de 1 m2, mais ça, certaines personnes l'ont visiblement pas compris.

Mais l'avantage de l'exercice, c'est justement qu'on peut toujours repasser sur les échecs en reconstruisant par-dessus. Sans dépenses pour l'université. Cette dernière tente de régler le problème en imposant son autorité conformiste, parce qu'elle veut avoir la réputation d'une institution sérieuse aux murs bien blancs (quoique couverts en plusieurs endroits de pubs de Pepsi). C'est stupide.

Une autre solution aurait été de négocier avec les étudiant-e-s et le personnel pour que ceux-ci nettoient eux-mêmes les graffitis hideux pour les remplacer par de nouvelles murales, plus jolies et qui ne camoufleraient cependant pas nécessairement le message originel. Pourquoi pas repeindre ce fameux « débordons absolument » au milieu d'une rivière agitée et en pleine débâcle, qui traîne dans ses flots les ruines du vieux monde?

Parce que l'UQAM est une institution conformiste qui n'aime pas la beauté, mais le béton uni, le blanc uni, la police, l'ordre, la discipline, les dépenses en sécurité. Elle veut que l'université conserve son rôle traditionnel, qui n'est pas « révolutionnaire et subversif » comme le dirait l'ASSÉ, mais d'imiter le milieu carcéral, avec ses horaires réglés à la seconde et sa lubie d'adapter de force les rebelles à notre système capitaliste de castes. Elle veut tout contrôler et nous faire croire que nous avons le choix.

Fuck l'UQAM et son vandalisme des oeuvres d'art. Vive les graffitis, qui ne sont intimidants que parce qu'ils font ressortir la brutalité des murs totalement blancs.

2 commentaires:

  1. Pensez-y, l'université francophone la plus à drouate du Québec, l'université Laval, permet les graffitis dans ses nombreux tunnels!

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