mercredi 22 août 2012

Le Groupe Altus qui compte les manifestant-e-s.

Radio-Canada a dépensé un montant x afin de connaître le "vrai" nombre de manifestant-e-s aujourd'hui, grâce à l'aide du groupe Altus.

Une recherche sur le site web nous apprend que cette firme ne semble pas avoir de nombreuses expériences dans le domaine de l'estimation de manifs. Le site de Radio-Canada nous affirme qu'il y a eu deux calculs: un à la Place du Canada, alors que la foule était immobile, et un autre plus tard, coin Bleury et Sherbrooke.

Je ne remets pas en question le deuxième résultat obtenu, qui l'aurait été avec des compteurs à mains, même si on ne connaît pas vraiment la méthodologie. Idéalement, il aurait fallu rester immobile et cliquer sur le compteur une fois toutes les dix personnes. Il m'arrive de le faire en comptant par bloc de 100 personnes mentalement, et de noter chaque bloc sur une feuille de papier avant de multiplier. C'est moins fiable mais ça fait l'affaire. Pour y arriver, il faut repérer un goulot d'étranglement: souvent un coin de rue ou une avenue plus étroite que les autres, qui nous permet de réduire au maximum l'incertitude.

Les calculs selon la densité dans un espace donné ne sont selon moi absolument pas fiables. Tout d'abord parce qu'il n'y a jamais autant de gens sur la ligne de départ qu'en plein milieu de la manifestation. Faire un calcul à 14h35, c'était une idée foireuse, étant donné que nous ne sommes parti-e-s que bien plus tard. Comme des milliers d'autres manifestant-e-s aguerri-e-s, j'ai l'habitude d'arriver au moins une demie-heure après le début "officiel" d'une grande manifestation.

Interviewé par SRC, Jean-François Grenier, directeur de la filiale recherche marketing du Groupe Altus, dit que c'est à l'avantage des manifestant-e-s de gonfler leur nombre. On pourrait répondre que c'est à l'avantage d'une grande firme très capitaliste qui fait dans l'immobilier que de proposer des estimations conservatrices vis-à-vis d'un mouvement qui se méfie de la corruption dans le monde de la construction. Rappelons aussi que ce ne sont PAS des scientifiques, mais des entrepreneurs dont l'objectif est de réaliser des profits. Si par exemple les évaluateurs/trices étaient arrivé-e-s à un résultat significativement différent lors des deux comptages (il faut croire que le Groupe Altus arrive à un chiffre d'environ 12 000 les deux fois), il aurait été malaisé de présenter cette anomalie à Radio-Canada. Dans le cas d'études scientifiques, ces anomalies sont toujours relevées. En d'autres mots, ce n'est pas parce que Radio-Canada les a payés une fortune pour qu'ils estiment une foule que le Groupe Altus est un acteur neutre et fiable dans le débat. Un peu tiré par les cheveux, vous dites? Et pourquoi remettre alors en question l'honnêteté des organisateurs/trices des manifs?

Cela dit, j'ai toujours eu moi-même des estimations plus basses que celles des organisateurs/trices des manifestations. Parfois même plus basses que celles de la police. Je pense que les organisateurs/trices ont souvent un excès d'enthousiasme quand illes comptent les manifestant-e-s. Ça inclue les gens du mouvement des Cols Rouges, de Radio-X et des fans des Nordiques.

Radio-Canada cite (sans guillemets) M. Grenier à propos de la manifestation du 22 mars, qui remet en question le nombre de 200 000, qui a été largement retenu par la population:

« Pour contenir une telle foule [200 000 personnes] dans la Place du Canada, un espace de 13 000 mètres carrés, il y aurait dû y avoir 12 personnes au mètre carré ».

Cela dit, une foule déborde souvent de tous les côtés. Elle ne se limite pas au petit espace d'une place, d'un parc ou d'un square. Et quand la marche est partie, il y a encore du monde qui arrive et d'autres qui empruntent des rues parallèles! À l'inverse, avant même qu'une marche se termine, les gens évacuent déjà massivement (pas juste 10%!). Se fier sur la densité d'une foule lors du rassemblement de fin de parcours, c'est ridicule.

M. Grenier a déjà parlé de calcul de foule. C'était en 2003 à Radio-Canada. Il dit que le calcul le plus efficace se fait alors que la foule est compacte: on peut alors calculer la densité. Quand la foule est en mouvement, c'est « plus difficile ». En ce qui me concerne, je crois plutôt le contraire: les calculs de densité d'une foule, lors d'une manifestation, ne valent pas un clou. Le Groupe Altus a beau déployer des moyens impressionnants avec des modèles mathématiques, informatiques et un facteur de dispersion, je ne pense pas qu'on puisse se servir de telles informations.

Une foule compacte compte environ 2,6 personnes au m2, selon M. Grenier. En admettant qu'on aurait calculé la foule du 22 mars selon cet unique critère, on serait arrivé-e-s à un résultat de 34 000 personnes. Toute personne expérimentée vous répondrait en riant que le 22 mars dernier, nous n'étions bien entendu pas que 34 000 personnes. Une telle foule ne ressemble tout simplement pas à ça. Mais un simple calcul de débit nous permet aussi de remettre en doute un tel résultat. Sur Sherbrooke, en effet, les manifestant-e-s du 22 mars marchaient d'un pas rapide; et ça a duré une heure et demie. Je le sais car je suis resté posté du début à la fin au même endroit, avant de suivre le cortège. Si nous avions été seulement 34 000 personnes, il aurait fallu que le débit ne soit que de 6,25 personnes à la seconde. Ce qui est hautement improbable. À vue de nez, après la manifestation, j'en était plutôt parvenu à un débit moyen de 20 personnes par seconde au minimum, ce qui nous ramène à 108 000 manifestant-e-s. Même si c'est un calcul non-scientifique, je pense que ça vaut autant que le calcul de densité de M. Grenier et de sa firme.

Je le répète: le meilleur moyen d'estimer une foule de manifestant-e-s est de contrôler un point de passage. Avec un compteur à mains. Les journalistes de Radio-Canada n'ont pas besoin d'embaucher une firme pour le faire. Illes auraient pu simplement acheter trois compteurs à 5$ et envoyer des gens sur un coin de rue, un viaduc ou un parvis d'église. Même en admettant que les chiffres d'Altus soient plus fiables, c'est encore du gaspillage d'argent.

Mise à jour: des espèces d'imbéciles de Quebecor parlent de 5000 personnes. C'est carrément de la désinformation.

Photo de la manifestation du 22 août (?). Par Laurie Lee.

11 commentaires:

  1. En regardant bien la photo cela fait quand même beaucoup de péquiste.

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  2. Réponses
    1. Non, c'est une réalité. La classe refuse de se positionner dans l'élection car elle désire ménager ses membres péquistes.

      La Classe a beaucoup plus à perdre en encourageant l'abstention ou en soutenant un parti plus que le PQ.

      Lorsqu'on est fidèle est ses convictions, il faut le démontrer et ne pas jouer à l'autruche.

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    2. Arrêtez de prêter des intentions à la CLASSE. C'est ridicule.

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    3. C'est justement ce que cause la neutralité de la Classe, cela laisse sous-entendre qu'elle appui le PQ, tout simplement. Lorsqu'on ne choisi pas un camp, les autres le font à notre place.

      Allez lire sur www.Vigile.net où on retrouve tous plein de monde qui sont fière des carrés rouge et de la Classe et qui vont voter PQ.

      Lorsque je leur dis que les valeurs de la Classe se rapprochent plus de QS que du PQ, ils ne me croient pas et réplique en disant que la Classe ne prend pas position dans le débat électoral.

      La neutralité de la Classe sert présentement de prétexte à plusieurs de voter PQ et c'est une réalité que vous ne pouvez pas nier. Je le constate partout autour de moi dans mon milieu.

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    4. C'est vous Léon qui choisissez le camp du PQ. Cessez de faire le zouave sur les internets.

      Un péquiste, ancien président de la Feuq, accuse la Classe d'appeller à l'abstention, ce qui est faux.

      La Classe ne s'est pas positionnée, ni sur les partis, ni sur les élections (vote stratégique, Qs, abstention), sauf pour dire que les élections ne règleront pas la crise et que la lutte doit se poursuivre. La lecture que vous en faite vous appartient. Pour le reste, allez vous faire foutre.

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    5. Je ne suis aucunement en faveur du PQ, ni même en faveur de QS et je n'ai même pas l'intention d'aller voter. Je déteste le PQ, même plus que le PLQ ou la CAQ.

      Ce n'est pas une lecture que je fais, ,je fais tout simplement le constat que la Classe en ne se positionnant pas permet à plusieurs Péquiste de porter le carré rouge et de récupérer le mouvement étudiant à leur cause surtout depuis que Léo les a rejoint.

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  3. «j'ai l'habitude d'arriver au moins une demie-heure après le début "officiel" d'une grande manifestation.»

    C'est ce que j'ai fait la dernière fois! On finit par apprendre!

    «Sur Sherbrooke, en effet, les manifestant-e-s du 22 mars marchaient d'un pas rapide»

    Le 22 mars, j'étais dans le groupe qui a plutôt emprunté Sainte-Catherine! Et il y en avait un troisième sur René-Lévesque! Ils étaient moins gros que celui sur Sherbrooke, mais pas du tout négligeables.

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  4. C'est ce que je me demandais. Est-ce que vous avez ensuite tourné à gauche pour rejoindre Sherbrooke?

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  5. Certains l'ont fait, mais le gros du groupe a plutôt tourné à droite sur Saint-Denis et a rejoint le groupe principal sur Berri juste avant le viaduc qui mène au Vieux-Montréal (par Saint-Antoine, je crois).

    D'autres ont sûrement tourné vers Berri un peu avant, c'est difficile à dire.

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  6. Alors mes estimations étaient sans doute trop conservatrices.

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