vendredi 13 avril 2012

Quelques petites choses sur la grève.

1. Le rectorat assiégé par apparemment des étudiant-e-s qu'on sait pas s'illes sont de l'UdeM ou ben pas.

La manifestation à l'UdeM hier me laisse croire que non seulement la lutte se radicalise massivement (apparemment il y avait à peu près 500 personnes dans le hall du Pavillon Roger-Gaudry, contre minimum 1000 au tout au début de la marche: pour une manif annoncée le matin sur Facebook, je trouve ça massif) et qu'elle se radicalise aux endroits où on ne s'y attend pas vraiment, mais je pense aussi que les gens qui posent des actions directes sont de plus en plus précis et audacieux. Qu'est-ce qui explique, toutefois, l'inaction de la police à ce moment-là? Ne savait-elle pas que des jeunes tentaient de défoncer la porte du bureau du recteur avec un bélier?

Je me demande si la police n'avait pas décidé d'attendre que les étudiant-e-s défient tous les termes de l'injonction avant d'intervenir. Qu'à cela ne tienne, l'université est revenue à la charge aujourd'hui en brandissant l'épouvantail d'une modification à l'injonction. En vain. Et pour de drôles de raisons:

« Le juge qui a entendu le débat soulève que la preuve n'a pas été faite que ce sont des étudiants membres des associations étudiantes de l'Université de Montréal qui sont responsables des actes de vandalisme de la veille, et a décidé de ne pas accéder à la demande de la direction de l'établissement. »

Je ne commenterai pas.

Je veux toutefois souligner la différence incroyable entre la réaction des Uqamien-ne-s et des Udemien-ne-s devant l'injonction ou l'ordonnance (peu importe comment on appelle ce paquet d'interdictions). À l'UQAM, il y a eu des discussions. Comment contourner les nouvelles interdictions? «Comme on ne peut pas bloquer l'UQAM, on pourrait bloquer tout... sauf l'UQAM» disait un activiste.

Réaction diamétralement inversée à Alma et à l'Université de Montréal, qui sont pourtant, et de loin, bien plus paisibles de réputation. Appel à la bombe. Barricades. Les étudiant-e-s de l'UdeM (je n'affirme pas qu'illes venaient de l'UdeM, je suppose seulement, madame la juge), devant l'interdiction de bloquer, ont décidé de défoncer les portes qui ne restaient pas encore obstinément ouvertes.

Je ne sais pas si c'est une leçon donnée aux vieux de la vieilles et vieilles de la vieux de l'UQAM, qui ont l'habitude des blocages, occupations, injonctions et cie. On va le savoir après la fin de la grève, dans quelques années sans doute, quand les procès seront tous terminés et qu'on saura si ça vaut la peine, se révolter.
2. Tout repose sur les cégeps.

Encore une fois, ce sont les étudiant-e-s du cégep qui ont le plus d'influence sur l'issue de la lutte. La menace d'annulation de session pèse sur eux comme jamais. Illes peuvent retourner cette éventualité en notre faveur. Selon moi, ce sont eux qui feront que nous gagnerons ou perdrons. Si je reste fataliste, ce n'est pas pour cette raison. Il se trouve dans les cégeps plusieurs des éléments les plus vaillants et les plus extraordinaires de tout le mouvement.


3. Pauvres journalistes

Des étudiant-e-s ont eu l'idée de saccager le bureau de Line Beauchamp. Je ne sais pas exactement en quoi a consisté ce «saccage», et si vous avez des photos, on vous prierait de diffuser. Tout ce que j'ai vu jusqu'à maintenant, c'est un présentoir à dépliants renversé.

Je compatis sincèrement avec le journaliste et le photographe de La Presse visés par la répression policière. Mais franchement, quelques heures en prison, c'est pas la mer à boire. Surtout quand on est accusé-e-s de rien. Le pire n'est pas l'incarcération temporaire; c'est un procès qui s'étire et qui nous ôte tout goût à la vie. Ça, c'est plutôt le sort qui est réservé aux autres manifestant-e-s arrêté-e-s ce matin, et que plusieurs vivent au quotidien depuis des mois, voire des années.

Quand même, je pense que La Presse, en voyant deux de ses employés maltraités par les flics, reçoit la salive qu'elle a crachée en l'air. Ce pouvoir abusif des policiers est une création de la paranoïa et du consentement collectifs, induits en grande partie par les mass médias. La Presse n'est pas particulièrement opposée à ce régime brutal, irrationnel et injuste qui enferme ses propres journalistes, malgré les objections polies de Patrick Lagacé et les chroniques de Michèle Ouimet. Elle l'entretient.

Je vous pose une question. Quelle sorte de régime arrête des journalistes pour rien, dans l'impunité la plus totale et l'indifférence de la population? Voici un indice.

3 commentaires:

  1. Doit-on foutre à la porte un employé de l'État en raison de ses convictions politiques? Normand Baillargeon devrait être foutu à la porte en raison de ses convictions anarchistes? Devrait-il être interdit à un anarchiste d'enseigner à l'école publique, dans les cégeps ou dans les universités?

    Si c'est ça, qu'on me le dise tout de suite, parce que je vais abandonner mon projet!

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  2. Je ne suis pas certain de comprendre ton point. Es-tu en train de dire qu'on fait "deux poids deux mesures" dans l'histoire de M. Guay, et qu'actuellement, on demande la démission du monsieur en question, mais qu'on se plaindrait de répression politique si jamais l'un des nôtres était sacré à la porte?

    Je connais une personne qui a été sanctionnée dans une agence de presse parce qu'elle avait eu le malheur d'envoyer une chaîne de courriels critiquant Charest à partir de son adresse institutionnelle. Quelqu'un l'avait dénoncée, même si elle n'en était pas l'auteure. Elle avait dû s'excuser au PLQ et à Jean Charest personnellement, sous peine de recevoir une mise en demeure et de peut-être faire perdre la subvention de son organisation. La lettre en question n'était pourtant ni violente, ni fausse. Ce n'est pas la seule histoire dans le genre que je connais.

    Il y a une sorte de "police secrète politique" de délateurs favorables au PLQ. Ça, c'est inacceptable.

    Est-ce que c'est plus acceptable de dénoncer M. Guay? Oui. Mais qu'en penses-tu, toi? Que doit-on faire avec les gens qui appellent à une "opération de salubrité"?

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  3. "Es-tu en train de dire qu'on fait "deux poids deux mesures" dans l'histoire de M. Guay, et qu'actuellement, on demande la démission du monsieur en question, mais qu'on se plaindrait de répression politique si jamais l'un des nôtres était sacré à la porte?"

    Oui. (bon, le "on", ça dépend de qui, les propos de ce fasciste de Guay sont dégueulasses pour bien des gens mais tous ne souhaitent pas le crisser dehors).

    C'est clairement plus acceptable de dénoncer ce fasciste, encore plus avec ce que tu viens de dire.

    "Oui. Mais qu'en penses-tu, toi? Que doit-on faire avec les gens qui appellent à une "opération de salubrité"?"

    On peut le dénoncer sur toutes les tribunes (y compris dénoncer cet enculé de Sylvain Mouchard qui trouvait que ce n'était pas grave hier matin au FM 93), manifester devant le MAMROT et occuper le MAMROT, se servir de ses propos contre les pro-hausses, se servir de lui pour illustrer le fait que les pro-hausse sont incapables de contrôler leurs fascistes (pour répliquer à "maudite CLASSE qui ne contrôle pas les casseurs"). Mais de là à le faire crisser dehors pour une question de devoir de réserve politique, là je débarque!

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