lundi 2 avril 2012

Appel au fascisme du Prince Arthur

Magnifique article de Frédéric Lamontagne, du Prince Arthur.

Je cite:

« Devant les ambitions du mouvement étudiant, nous souhaitons interpeller le gouvernement du Québec. En avril 1972, le gouvernement Bourassa n’a pas hésité à mettre derrière les barreaux des leaders syndicaux du Front commun pour les mêmes raisons. C’est ce que nous demandons aujourd’hui. Afin de mettre fin à ces absurdités et à un débat qui tourne en rond, nous souhaitons que le Code criminel soit appliqué à ceux et celles qui brisent la loi en incitant leurs membres à la désobéissance civile. »

La tournure - je l'espère! - maladroite augmente ironiquement le caractère autoritaire et répressif de la déclaration. Cette citation partielle ne met pas assez en évidence la dénonciation précédente, c'est-à-dire l'appel à la désobéissance civile. Une désobéissance civile qui est aux yeux de l'auteur une hérésie fondamentale à sa chère démocratie qui n'a pas vraiment changé depuis 1792. C'est partiellement en raison des perturbations que Frédéric Lamontagne souhaite que les "leaders étudiants" enfermé-e-s.

Mais il ne faut pas mettre de côté pour autant le fait que c'est principalement pour mettre fin à un débat que Frédéric Lamontagne fait cet appel à la violence de l'État contre les gens qui « incitent à la désobéissance civile ». Le début de l'article est d'ailleurs évocateur: il met l'accent sur les arguments prétendument faux et irrationnels des « anti-hausses », sans s'attarder trop aux moyens d'action, illégaux ou pas. Disons-le autrement: ce n'est pas parce que les étudiant-e-s représentent un danger qu'il faut les emprisonner, mais bien parce qu'illes participent à un débat dont le déroulement déplaît à M. Lamontagne.

C'est une répression politique que souhaite Frédéric Lamontagne, et non le respect de loi qui de toute façon, sont tyranniques. Il refuse la comparaison avec le régime de Moubarak mais paradoxalement, fait la promotion d'une transition vers une dictature comparable à celle du président déchu en appelant à l'emprisonnement de porte-paroles syndicaux.

Le Prince Arthur, ce journal « étudiant » de droite, cautionne l'appel à la violence en publiant de tels textes. Il a choisi son camp: celui de l'autoritarisme le plus irrationnel (je retourne ainsi l'accusation de M. Lamontagne) et le plus brutal. Faire appel à la violence de l'État n'est pas puni par la loi, mais c'est aussi grave, sinon plus grave, que de faire appel à la violence d'individus. Les policiers/ères, les juges et procureur-e-s peuvent aussi être influencé-e-s par ce genre d'imbéciles.

C'est contre cette idiotie et cette étroitesse d'esprit, qui érigent le respect de la loi en dogme et appellent à la censure au nom d'une vision farfelue de la démocratie, que nous nous dressons quand nous décidons de poser des gestes d'éclat.

Vive la désobéissance civile. Si jamais vous mettez les « leaders »[1] étudiant-e-s en prison, arrêtez-moi aussi: je refuse de rester dehors dans de telles conditions.

« Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l'homme juste est aussi en prison »
- Henry David Thoreau

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[1] Ce ne sont pas mes leaders à moi. Je respecte le travail des porte-paroles de la CLASSE mais illes ne m'influencent pas et ne me représentent pas non plus. Leurs discours dans des manifs ne m'émeuvent pas. Je ne gueule pas ni n'applaudis à tout rompre comme un mouton tout blanc quand je les entends tout simplement parce que j'ai une sainte horreur des discours. Je trouve que les gens aux yeux ébahis qui les regardaient parler le 22 mars dernier avaient l'air d'une grosse bande de con-ne-s. Un peu comme les amateur-e-s de hockey en liesse et perdant tout jugement suite à une victoire dérisoire de leur équipe de millionnaires. Il y a quelque chose qui se passe dans leur regard et qui traduit une forme de transe religieuse.

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