dimanche 29 avril 2012

Conseil Général du PLQ à Victoriaville - MA ville!

Le PLQ aurait pu faire une erreur fatale en organisant son Conseil Général dans ma ville d'origine, Victoriaville.
 

J'espère que la CLASSE, la FECQ (le cégep de Victo est affilié à cette dernière) ou le monde de la place tous seuls (illes en seraient capables!) vont quand même brasser la cage.

Victo: vous connaissez?

Pour votre information, le cégep de Victoriaville a fait seulement une semaine de grève en 2012, et deux semaines en 2005, quoique les étudiant-e-s d'arts et lettres, ainsi que les étudiant-e-s en agriculture biologique[1] aient décidé héroïquement de continuer une grève modulaire pendant un bout de temps.  Il est très difficile d'organiser le mouvement étudiant là-bas: petites institutions scolaires, milieu très homogène et particulièrement conservateur, familles souvent peu politisées, taux d'analphabétisme explosif et malgré tout un taux de chômage presque inexistant.

L'étalement urbain extrême (tout le monde veut habiter en campagne, mais près de la ville) rend la mobilisation d'autant plus difficile.  L'ambition des Victoriavillois-es n'est pas de faire leur petite vie tranquille et d'habiter en ville, près des festivals (nombreux), du cinéma, des petites épiceries et des cafés-restos-bars (très bons: je recommande le Farniente, le Vieux-Saint-Pierre, et pour finir la soirée, le Shad café; le café culturel, ouvert vers 2004-2005(?) était aussi une bonne idée, mais je ne sais pas si ça a fini par lever), mais de défricher une partie du Mont Arthabaska pour se bâtir un manoir en clabord de vinyle et vivre à flanc de montagne, surtout avec pas d'arbres, parce que les arbres c'est la sauvagerie et ça cache la vue.

Le maire est un opportuniste populaire qui a convaincu les gens de voter pour lui en disant qu'il voulait favoriser les aîné-e-s[2].  Car Victo est une ville de vieux, un ghetto de retraité-e-s qui vivent et meurent dans un quartier qui doit couvrir l'équivalent de la surface d'Hochelag'.  Sur 3 km, il y a plus de triporteurs électriques sur la piste cyclable que de vélos.  Les vieux sont bien plus typiques de Victo que ne l'est la poutine ou l'humour absurde des Chick'n swell.  Même qu'être jeune est sur le bord d'être interdit.  J'en ai déjà parlé.

La mobilisation

J'ai fait des manifs à Victo, contre la construction du Wal-Mart entre autres; nous étions rarement plus que dix et encore, la moitié étaient du PQ.

Mais il s'est passé assez de choses pour qu'on puisse déterminer que Victo possède un important potentiel d'anarchie. Un bon exemple: en 2005, les étudiant-e-s de la Polyvalente Le Boisé ont foxé en masse leurs cours pour rejoindre les quelques cégepien-ne-s qui avaient décidé de prendre la rue Notre-Dame-Est et de faire un party immense devant le bureau du député libéral, Claude Bachand.  Cette fois-là, nous étions 450 jeunes à bloquer complètement la rue et à danser en plein centre-ville.

Nous avions aussi, la même année, perturbé une conférence de Pierre Reid, le ministre de l'éducation de l'époque, en pénétrant en trombe dans l'édifice de la Commission Scolaire.  L'agent de sécurité n'a pas bougé, ahuri.  Moins de réflexes que les sanglants Gardas de Montréal? Plus d'intelligence!

Nous avions pris le contrôle de la salle de conférence et un seul honorable représentant du Parti Libéral avait daigné rester: Claude Bachand[3], député ridicule et ancien prof de chimie, qui connaissait personnellement tous les étudiant-e-s et qui, avec son visage poupon qui avait tourné au rouge (comme un gros jalapeño bien mûr), affichait un air trahi.

Je lui ai tendu un nez de clown. « Tenez, vous pourriez donner ça au ministre. » Il ne m'a jamais pardonné cette boutade.  Il m'en veut peut-être encore.  Sinon, je ressens le désir vaniteux de lui rappeler son dégoût pour moi.  Et je regrette de ne pas pouvoir le faire.  Je suis vraiment désolé.  Il y a le lancement du recueil Subversions II à Québec.  J'ai écrit dedans.

 ***

Les activistes de Victo tentent de faire leur part.  Mais c'est pas facile.  Il y a eu une tentative de créer un campement de Occupons Victoriaville en novembre dernier.  Il paraît que c'était cool.  Mais Victo compte seulement 43 000 habitant-e-s.  Le bassin d'activistes est réduit de facto à quelques dizaines d'individus.

Le milieu communautaire

La présence plus que diffuse des contestataires est palliée par la présence d'institutions dynamiques.  Il y a le 40, rue Alice (le Centre d'Entraide Bénévole) et la Place Rita Saint-Pierre au 59, rue Monfette, des édifices dans lesquels sont situés plusieurs de ces organismes.  Quelques expériences extraordinaires font aussi de Victo un laboratoire en services sociaux (voir la deuxième note de bas de page).

Il y a plein de gens qui se souviennent qu'à Victo, il y a de la pauvreté et des difficultés.  Je voudrais parler de plein d'organismes, mais je vais n'en nommer qu'un seul: l'AGEPA. L'autobiographie d'un des militants de l'AGEPA est d'ailleurs disponible à la bibliothèque DIRA à Montréal: ça s'appelle Une histoire d'engagement social, un livre orange-beige boudiné; il me semble qu'il figure dans la section histoire. 

Quoi faire la fin de semaine prochaine

Allez perturber le Conseil Général du PLQ!  Victoriaville est trop devenue un havre de paix pour les crosseurs.  François Legault et Stephen Harper ont notamment pu y organiser des congrès et consultations dans l'impunité la plus totale.  Il faut que ça arrête.  Il y a toujours des milliers de visiteurs/euses dans les festivals les plus étranges à Victo.  Des gens plein les rues.  Il est temps que les Victoriavillois-es soient à la hauteur d'eux-mêmes et fassent annuler ce Conseil Général.


Mise à jour: les gens de Victo ont déjà formé un groupe Facebook dédié à l'hébergement de militant-e-s.  L'association étudiante du Cégep semble aussi réagir rapidement à l'annonce et multiplier les démarches.  Ça promet!  Bravo Victo!
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[1] J'aime parfois croire que c'était grâce à ma suggestion faite à l'AGEECV.  Mais ce monde-là a pas besoin de moi pour trouver le moyen de désobéir.

[2]Son prédécesseur, Roger Richard, avait comme passe-temps favori le dézonage et la pollution.  Ça ne l'a cependant pas empêché de rendre hommage aux innovations locales en récupération et recyclage (le CFER de Normand Maurice, par exemple) et de se flatter la bedaine en faisant installer une pancarte géante sur l'autoroute, alimentée par un panneau solaire, et disant: "Victoriaville, berceau du développement durable".  J'ai toujours dit que la seule chose qu'avait faite le maire pour le développement durable avait été de se féliciter de faire du développement durable.
[3]Claude Bachand:
Adresse : 130, rue Notre-Dame Est G6P 3Z6
Téléphone : 819 758-7440
Télécopieur : 819 758-1583
Courriel : cbachand-arth@assnat.qc.ca
Site Internet : www.claudebachand.ca

vendredi 27 avril 2012

Lancement de Subversions II

Un collectif d'auteur-e-s (le Bloc des Auteur-e-s Anarchistes), duquel je fais partie, lance son nouveau recueil à Montréal, jeudi le 3 mai prochain à 17h à la Casa del Popolo (4873 Saint-Laurent).  Un lancement sera aussi organisé le 5 mai à 17h Québec, au bar coopératif L'Agitée.

Je ne vous ai pas assez vanté ce collectif disparate et extraordinaire, qui réunit toutes les tendances de l'anarchisme à travers l'expression poétique et littéraire.  Nous avons déjà produit un recueil bilingue (français et anglais), très riche en créativité et en anarchie.  Le nouveau (qui est en cours d'impression) regroupe des auteur-e-s francophones, anglophones... et italophones!  Il y a des textes d'anglos qui écrivent en français, des textes de francos qui écrivent en anglais: c'est un joyeux chaos!

Ce n'est pas qu'un petit recueil.  On parle de nous comme si de rien n'était dans le Voir.  Le premier volume est distribué dans beaucoup de pays et les exemplaires disponibles à la vente sont devenus plutôt rares.  Le deuxième recueil est préfacé par Raoul Vaneigem et Marge Piercy.

Le lancement est gratuit.  Et en plus, il y aura de la musique et des lectures de textes.  Venez!

Voici un lien vers le communiqué du Bloc des Auteur-e-s Anarchistes.

Kafkaïen, vous dites?

Michèle Ouimet, qui depuis le début de la grève, a défendu les mouvements étudiants, a sans doute donné le moins bon conseil de sa carrière:

« La ministre connaît parfaitement le fonctionnement de la CLASSE qui ne contrôle à peu près rien, ni sur le terrain ni sur son site web. Elle devait bien se douter que la CLASSE était incapable de faire respecter une trêve. Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE, n'a pratiquement aucune marge de manoeuvre. Il doit toujours consulter son foutu congrès qui se réunit une fois par semaine. Pourquoi ne crée-t-il pas une cellule de crise qui pourrait prendre les décisions urgentes, sans s'enfarger dans sa démocratie au rythme géologique?  Un exemple: hier, un journaliste a demandé à Gabriel Nadeau-Dubois s'il pouvait lancer un appel au calme. Sa réponse: «Je peux condamner la violence, mais je ne peux pas lancer un appel au calme.»

Kafkaïen. »

Ben oui?  Pourquoi, donc, ne pas simplement faire élire un conseil qui prendrait unilatéralement toutes les décisions sans avoir à consulter ses membres?  La crise est un prétexte suffisant pour faire tomber la démocratie étudiante, non?


Allez, vas-y, Gabriel.  Tu es notre chef[1], tu deviendras notre EMPEREUR!




Kafkaïen, vous dites, Mme Ouimet?  Et comment qualifier le fait qu'une grande défenderesse de la démocratie comme vous vire capot et se mette à publier des appels à renverser une démocratie qui ne fonctionne, après tout, pas si mal?

Orwellien.

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[1] Je suis mort de rire.  

jeudi 26 avril 2012

Hostie de grosse manif.

Le centre-ville de Montréal était cerné de flics.  Un nuage de gaz irritant l'a complètement recouvert pendant une bonne demie-heure.  De Saint-Laurent à Berri, les passant-e-s toussaient, parfois à en cracher leurs poumons.  Je ne comprends pas pourquoi les flics ont eu tant recours à ces émanations toxiques pour disperser une manifestation qui ne s'est, justement, jamais dispersée.

La foule était beaucoup trop compacte et le risque de panique collective trop élevé.  C'était vraiment, vraiment une mauvaise idée.  Quand les gens, qui n'avaient aucune idée que la manifestation était devenue illégale, se sont mis à reculer, des appels au calme ont fusé de toutes parts.  Quelques badauds, plus lâches que les autres, ont continué de pousser, manquant de piétiner des jeunes.

On m'a demandé au moins dix fois ce qui se passait, en m'arrêtant sur un coin de la rue.  J'ai fini par me décourager de tout expliquer.  À la fin, je pointais seulement l'immense nuage de gaz qui se diffusait sur Sainte-Catherine.  «Il se passe... ça.»  Pendant que tout le monde courait à en perdre haleine, un journaliste, ne comprenant rien à l'urgence de la situation, a demandé à un médic s'il pouvait répondre à quelques questions. Celui-ci s'apprêtait à s'occuper d'une jeune femme au visage et aux yeux rougis.  «Pas le temps», a-t-il répondu sèchement au jeune reporter.

La foule s'était divisée.  Les gens criaient.  La plupart remontaient un bout de foulard sur leur nez pour éviter de respirer l'air devenu difficilement respirable.

***

Qu'est-ce qui a mené à un tel chaos?  Pas mal de choses.  Des chandelles romaines - pas vraiment aussi dangereuses que la police le prétend - ont éclaté.  Ça, c'est illégal.  Ensuite, des adeptes du Black Bloc ont décidé de frapper des cibles; illes ont été très sélectifs/ives en ne s'attaquant uniquement qu'aux banques.  Plusieurs vitrines ont éclaté.  Les activistes ont été plutôt avares: une vitre par banque seulement, et on passe à la suivante.  Le manège a duré plus d'une dizaine de minutes, pendant lesquelles des pacifistes huaient les anarchistes.  Apparemment, cette tension aurait provoqué des accrochages physiques.

Puis, les gens de l'arrière nous ont appris que la manifestation avait été déclarée illégale.  Mais la foule était immense.  Minimum 7 000.  Comment une telle foule peut-elle se disperser?  Une foule qui n'a aucune idée qu'elle est en train de commettre une infraction?

Quelques minutes plus tard, la tête de la manifestation se fait charger et gazer.  Tout a déboulé à partir de là.

Je n'ai rien vu après ça.  J'ai entendu dire que des voitures avaient été vandalisées, d'autres auraient flambé.  J'ai remarqué qu'à un certain moment, plusieurs dizaines d'individus qui ne semblaient pas du tout être des étudiant-e-s s'étaient regroupés de manière plus ou moins organisée.  Dont plusieurs gens visiblement intoxiqués par l'alcool.  Des bums du centre-ville, un peu désœuvrés?  Des jeunes fatigués de magasiner, de boire et soudainement dégrisés par le désordre?

L'attaque des banques et de la méga-librairie Chapters, c'était signé.  Mais qui s'est attaqué-e à la vitrine de la petite boutique de chapeaux de la rue Sainte-Catherine?

Tir manqué?  Émulation maladroite des Black Bloc par des gens qui ne comprennent pas tout à fait l'objectif de cette tactique? Casse gratuite faite par des ivrognes qui n'ont pas eu droit à leur émeute du CH?  Ou attaque sincère vis-à-vis d'un commerce qui ne vend pas des chapeaux éthiques?  J'aimerais bien le savoir.

De mémoire, cette manifestation fut la plus grosse jamais réprimée à Montréal. Jamais, dans la métropole, autant de gens ont été visés simultanément par la violence policière.

mercredi 25 avril 2012

Exclusion de la CLASSE des négociations : imbécile

La ministre ne peut pas rendre la CLASSE responsable des débordements des derniers jours.  La CLASSE n'a jamais, il me semble, ouvertement organisé de perturbation dans le métro et de séances de casse au centre-ville.

Les gens qui ont commis ces «méfaits» ne sont pas la CLASSE, qu'ils soient membres ou pas.  Il s'agit de radicaux qui agissent en marge de certains évènements et qui en profitent.  Des actes pas du tout illégitimes, mais loin d'être liés avec les méthodes habituelles de la Coalition. 

La nouvelle de l'exclusion de la CLASSE des négociations n'est qu'une preuve de plus que la ministre tente à tout prix d'ignorer les forces vives des grévistes et de diviser le mouvement en négociant seulement avec les gens qui lui déplaisent le moins.

Mme Beauchamp (par le biais de ses avocats-négociateurs), n'a jamais voulu traiter avec la CLASSE: c'est maintenant manifeste.  Elle croyait fermement que fidèle à son habitude, la CLASSE ne condamnerait pas la violence et s’exclurait de facto des négociations.  Le gouvernement a été surpris les «culottes à terre» par la prise de position récente de la CLASSE, et n'a trouvé que l'exigence de respecter une impossible «trêve» pour exclure à nouveau les représentant-e-s de 50% des étudiant-e-s en grève.

Ce genre de décision ne divisera pas le mouvement étudiant, ni ne l'épuisera.  C'est une décision purement irresponsable et dangereuse qui mènera assurément au désordre.

Le plus risqué pour la ministre, c'est que les étudiant-e-s ne voient plus dans la CLASSE un moyen de faire valoir leurs intérêts, et qu'illes ne voient plus dans la négociation un remède à la crise actuelle.

Qu'est-ce qui se passera dans les prochains jours si la ministre maintient sa politique d'aveuglement?

Mise à jour: une partie de l'argumentation de la ministre repose sur le fait que la manifestation de ce soir, annoncée sur le site Bloquons la Hausse, a été appelée «Ostie (sic) de grosse manif de soir pour la fin de la trêve»

On peut apprécier la justesse du propos dans le vidéo contenu dans cet article, à 8min.

« Journaliste: qu'est-ce que c'est un ton provocateur, madame Beauchamp?
Line Beauchamp: Je... Je vais juste vous dire qu'on utilise ici des... des... des mots qui sont euh... des mots qui sont qu'on pourrait mettre dans la catégorie des blasphèmes.»

L'arme de l'ennui - le piège du gel.

L'arme de l'ennui

Vous avez certainement remarqué que, lors de rassemblements ou de manifestations, l'agression policière excite les manifestant-e-s plus qu'elle ne parvient à juguler une agitation.  Elle précède généralement, d'ailleurs, des actes de violence commis par les manifestant-e-s (qui sont alors une simple réplique à la répression).  Une bonne manière, pour la police, de ne pas provoquer d'affrontement, est de rester invisible et impassible.

Dans certaines circonstances, le mauvais temps et l'ennui finissent par venir à bout des manifestant-e-s, beaucoup mieux que la répression policière.  Après un rassemblement bien emmerdant, bien des manifestant-e-s tentent de tromper leur désœuvrement en allant consommer une bière ou magasiner.  C'est exactement ce que la société capitaliste attend d'eux.

Une manif pacifique est très, très bonne pour le commerce.

Mais quand les policiers frappent, les manifestant-e-s sentent qu'illes ont la licence de la réplique.  Le danger n'est que rarement assez grand pour que la foule se disperse et les gens restent... simplement parce qu'il se passe enfin quelque chose.  J'aurais des tas d'anecdotes surréalistes à raconter à ce sujet.   L'émeute est un spectacle fascinant pour qui la regarde, et un divertissement défoulant pour quiconque y participe.  Un adepte du Black Bloc m'a déjà dit, à propos de l'expérience de la casse: «Si tu savais comme on se sent vivre».

Pourquoi partir?  Pourquoi manquer une occasion aussi formidable de se sentir vivre?

Les différents corps de police du Québec ne comprennent pas.  La seule arme réellement efficace contre une mobilisation, c'est l'ennui.  Au lieu de ça, ils pratiquent la vengeance.  Les 90 manifestant-e-s pacifiques arrêté-e-s devant le Palais des Congrès samedi, c'était pour se venger de la veille.  On s'en fout si c'était pas les mêmes personnes.

Mais ça ne marche pas.  La police n'a qu'à rien faire, rester de marbre.  Il n'y aura pas de débordements.  Les gens vont retourner chez eux en se disant que c'était donc bien plate.

La ministre a en revanche compris l'utilité de l'ennui en demandant une "trêve" chez les grévistes.  Elle sait qu'il n'y a rien de plus démoralisateur que de rester chez soi et d'attendre que des négociations en huis clos aboutissent.  Rien de plus emmerdant que de faire des manifs qui ne perturbent rien.

Une lutte ennuyante, c'est une lutte de perdue.

Le piège du gel

Admettons que dans le meilleur des mondes, les délégué-e-s du comité des négos obtiennent le gel ou même l'indexation en sortant du bureau de Mme Beauchamp. 

Je pense que ce ne sera pas mieux.  L'année suivante, les universités vont simplement augmenter les frais afférents, et cette fois sans que des mesures existent pour compenser la hausse dans l'aide financière.  La hausse sera peut-être de seulement 200$, mais je ne vois pas pourquoi les recteurs se la refuseraient.  Après tout, il faut bien que quelqu'un paie leurs voyages de golf, leurs piscines intérieures et leurs fiascos immobiliers.

Si jamais le gouvernement décrète une hausse moins élevée, ou le retour au gel des frais de scolarité,  il faut avoir des garanties en ce qui concerne les frais afférents: sinon, toute notre lutte n'aura servi à rien.  Les hausses de frais afférents sont insidieuses et forcent les étudiant-e-s à mener des luttes uniquement à l'échelle locale, et donc de manière désunie[1].

Si le comité de négos arrivait à une entente sérieuse sur le sujet avec le gouvernement (genre, le transfert des frais afférents en frais de scolarité réguliers, ou un gel forcé des frais afférents dans toutes les universités), les recteurs sortiraient grands perdants de la crise actuelle.  Ce serait pour eux une défaite écrasante et bien méritée: ils perdraient une partie de leur pouvoir de taxation au profit du gouvernement.  N'oubliez pas que la CRÉPUQ n'est pas à la table des négociations actuellement, même si c'est elle qui a exigé la hausse.  Et que le premier sujet de discussion est la mise sur pied d'un (inutile, selon Garon?) organisme de surveillance des dépenses des universités.  Donc, si la perte du pouvoir de taxation est très hypothétique, la perte d'autonomie dans la dépense, elle, est quasi-certaine.

Les négociations vont à coup sûr renforcer la position du gouvernement dans la gestion des universités.  Les étudiant-e-s vont ramasser les miettes.  Les recteurs seront anéantis.

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[1]  Je suis toutefois convaincu que les négociateurs/trices ont déjà pensé à ça. 

lundi 23 avril 2012

Procès, prison et négos.

Il y a beaucoup de choses à dire aujourd'hui.  Navré d'enterrer ce blogue de textes.  Notez cependant que j'ai plus ou moins pris congé aujourd'hui, et que beaucoup de choses se passent. 

Une activiste qui paiera plus que 1625$ en cas de défaite.

Je souhaitais tout d'abord livrer un vibrant texte en soutien aux personnes arrêtées samedi dernier, tout particulièrement V... qui a payé plus que sa juste part dans ce conflit.  Tout d'abord arrêtée au cours de l'été 2011 par ce que plusieurs pensent être l'escouade GAMMA - je pense cependant que la police n'a pas besoin de cette section du SPVM pour opprimer le peuple - elle a ensuite été prise en souricière par les flics, avec 90 autres personnes, dans le cadre d'une manifestation pacifique.  Contrairement au reste de ses co-détenu-e-s, elle a été gardée deux jours en prison avant d'être accusée au criminel pour bris de condition.  Peu importe le verdict final, le harcèlement policier dont elle est victime est tout à fait inacceptable.

Marc-André Cyr, sur Voir.ca, parle de près de 700 arrestations depuis le début de la grève, sans compter les suspensions, blessures, conditions, injonctions et retenues qui privent aussi plusieurs citoyen-ne-s de leur liberté.

Toutes ces luttes contre l'autorité judiciaire ne doivent pas occulter, bien entendu, le fait que des procès en cours concernent toujours des accusé-e-s du G-20, de manifs antérieures à la grève ou d'actions directes.  Je vous épargne les noms, surtout un qui me vient en tête. 

Vaut mieux regarder la réalité en face quand on doit subir un procès au criminel: ça peut durer de longues années.  Des années pendant lesquelles, malgré la "présomption" d'innocence, on n'est jamais vraiment libre.  Ces procès sont une forme de "dette" de l'activiste, qui épuise ses énergies et le/la traîne dans la boue.  La colère que nous devons ressentir face à la répression ne doit pas se limiter à dénoncer les coups de matraque, ni même les arrestations, mais aussi les procès qui n'en finissent pas.

Mon soutien sincère à toutes les personnes qui doivent passer par ce genre d'épreuves.  L'histoire vous rendra un jour hommage.

Aux journalistes: Gab = pas notre chef.

À ceux et celles qui continuent de voir en Gabriel Nadeau-Dubois un grand leader étudiant, notez qu'il ne fait pas partie de l'équipe devant se rendre à la table de négociation, malgré ce que les médias ignorants laissent parfois entendre.  S'il n'a pas proposé sa candidature au comité de négociation, ce n'est même sans doute pas parce qu'il est surchargé de travail, mais parce qu'il existe déjà des négociateurs/trices qui sont doué-e-s à la CLASSE. Gabriel Nadeau-Dubois n'est pas le chef de la grève.  Il n'est pas le chef de l'ASSÉ.  La CLASSE est loin d'être parfaite sur le plan décisionnel (c'est pas l'anarchie), mais il y a bien ça de vrai : elle n'a pas de chef-fe, de président-e ou de P.D.G.  Le conseil exécutif n'est pas hiérarchisé à proprement dit.  Vous pensez que ça se peut pas?

Ben ça se peut.

Manifestation du MNIQC le 11 mai.

Une organisation à caractère très douteux et xénophobe, le Mouvement pour la non-Islamisation du Québec et du Canada, organise une manifestation le 11 mai prochain, devant les bureaux de Montréal de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.  Cette information est entre autres relayée par La Presse[1].  La manifestation est aussi annoncée sur leur blogue. 

Le MNIQC nie ses liens avec l'extrême-droite mais cible exclusivement les musulman-e-s.  Dans une réponse à l'article d'Annabelle Nicoud, évoqué plus haut, il défend les racines « judéo-chrétiennes » du Canada, tout en affirmant que les valeurs d'égalité entre hommes et femmes, ainsi que les droits des homosexuel-le-s, sont menacés par l'islamisation.  Le mouvement joue pourtant beaucoup sur la paranoïa (on parle par exemple de "connivence" entre les Musulman-e-s de France et François Hollande: bref de complot, et on tente d'inquiéter la population en parlant de la provenance des immigrant-e-s du Québec) et semble appuyer, à mot couvert, la France de Marine Lepen, intolérante entre toutes.

Certains articles, sur leur blogue, renvoient aussi à Poste de Veille, un autre organisme xénophobe et proche de l'extrême-droite.  Par ailleurs, leur blogoliste ne comporte exclusivement que des sites à caractère islamophobe et souvent raciste, comme Bivouac-ID et Point de Bascule.  Un blog, "Français de France", incontestablement d'extrême-droite et Lepeniste, est aussi recommandé par le MNIQC.

Ce genre d'organisme prétend défendre des valeurs d'égalité et de laïcité, mais c'est avant tout la haine de l'étranger/ère qu'ils colportent.  On peut ne pas être d'accord avec les mauvais traitements réservés aux animaux pour des raisons religieuses (moi-même, je suis farouchement opposé à ça), mais la stigmatisation des immigrant-e-s est tout à fait inacceptable, qu'illes soient croyant-e-s ou pas.

S'il n'est pas clair que le MNIQC soit un organisme aux tendances fascistes, il est cependant évident que dans la manifestation organisée par l'organisme le 11 mai prochain, fourmilleront une foule de néonazis.  Si vous souhaitez revendiquer la laïcité de votre viande, je vous suggère donc de ne pas le faire en vous présentant à cette manifestation.
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[1] Le même article nous apprend aussi qu'un certain "Claude", fonctionnaire montréalais qui préfère "taire son nom", soutient Marine LePen tout en militant pour Option Nationale. 

Rassemblement pour le jour de la Terre : 300 000, vraiment?

J'ai de sérieux doutes sur le nombre de 300 000 personnes avancé par les organisateurs/trices de l'évènement d'hier, qui s'est tenu au centre-ville de Montréal.  Oui, il y avait une foule gigantesque, et oui, je me rends de plus en plus compte que la majorité de mes connaissances résidant à Montréal y étaient.  Mais 300 000, c'est 16% de la population de Montréal.  C'est énorme.  De plus, aucune photo jusqu'à date ne me permet d'estimer la foule de manière globale.  Et comme le trajet n'était pas assez long et que la maudite main géante empêchait tout le monde de circuler, je ne vois pas comment il a pu être possible d'évaluer autrement la foule qu'au pif.

Le 22 mars dernier, il aurait été pratiquement impossible de compter la foule comme je le fais parfois, par bloc de 20 ou 100 personnes.  J'ai calculé selon un débit moyen observé pendant une heure et demie sur la rue Sherbrooke.  C'était extrêmement imprécis mais encore possible.

Impossible de calculer le débit alors que la marche est autant ralentie par un tel bouchon.  Comment, alors, en est-on venu-e-s à cette conclusion?  J'ai entendu dire que d'autres organisateurs/trices se fient essentiellement sur une question d'espace.  On se demande combien de personnes rentrent par exemple à la Place des Spectacles, et si la Place des Spectacles est remplie, eh bien il y a environ tant de manifestant-e-s.

Alors bon.  En ce qui me concerne, je n'aurais certainement pas estimé la foule à moins de 80 000 personnes.  Mais c'était peut-être le double.  J'en ai aucune idée, j'étais à l'intérieur et la seule impression générale que j'ai pu avoir, c'est sur le flanc du Mont-Royal, en arrivant au parc Jeanne-Mance.

On peut assez facilement en conclure que les manifestations des derniers mois sont beaucoup plus historiques que les célèbres manifestations des Cols Rouges de 2010, ces contribuables en colère contre le gaspillage de fonds de l'État québécois.  Notons que le mouvement semble plus ou moins avoir perdu de sa cohésion, puisque leur site web ne répond plus.

Rappelons aussi qu'une manifestation de plus de 10 000 personnes est en temps normal très rare au Québec.  En quelques mois, les étudiant-e-s à eux seul-e-s ont réussi à organiser plus de rassemblements de cette taille que l'ensemble du Québec en peut-être une décennie.  L'ampleur de la contestation n'est pas sans précédents - il faut replacer chaque conflit dans son contexte - mais elle est impressionnante.

Le succès de la grande marche du Jour de la Terre est sans aucun doute une conséquence directe de cette mobilisation.  Il est impensable que sans le conflit étudiant, "300 000" personnes se soient réunies au centre-ville pour dénoncer le bilan de Charest et de Harper en environnement.  Les personnalités et artistes qui se sont chargé-e-s de faire la promotion de l'évènement ne se seraient sans doute d'ailleurs pas déplacé-e-s uniquement pour les femmes innues.  Illes ne se sont pas déplacé-e-s à Québec

Où je veux en venir: il semble y avoir une certaine contamination dans la contestation.  Ce n'est bien entendu pas généralisé.  Si je crois que la mobilisation est exceptionnelle, je ne nous crois pas du tout en contexte « révolutionnaire », que cette révolution soit un printemps « québécois », « érable », « étudiant », ou whatever.  Il est probable que les forces vives de cette contestation ne parviennent même pas à élire un autre gouvernement aux prochaines élections.  Et même si un nouveau gouvernement était élu, il est fort peu probable qu'il se sente réellement investi d'un mandat de changement social.  L'effervescence est très forte, mais elle reste minoritaire.

***

J'ajouterais quelques remarques sur la manifestation d'hier.  Premièrement, j'ai été ulcéré de voir que l'escouade antiémeute s'est déplacée expressément au Parc Émilie-Gamelin pour se livrer encore à un exercice scandaleux de provocation.  Rappelons que la CLASSE avait appelé ses membres à se réunir près de l'UQAM afin de se joindre plus tard et en masse au grand rassemblement.  Les flics en armure ne sont pas sortis de leur minibus, mais le pick-up haut-parleur du SPVM a donné l'ordre aux manifestant-e-s de bien se comporter, nous avertissant de conséquences terribles en cas d'actes illégaux.  Mon petit doigt me dit qu'on n'a pas servi les mêmes avertissements à la "paisible" foule de "300 000" personnes et que cette action policière consistait en un profilage politique particulièrement intimidant.  Pourtant, le petit rassemblement de la CLASSE était constitué d'une foule aussi bigarrée que plus loin vers l'ouest: enfants, étudiant-e-s, familles complètes, travailleurs/euses et retraité-e-s, etc.

Je trouve de plus très mauvaise l'idée de permettre au service d'ordre - chargé de former les limites de la «main» - de provoquer une congestion dégueulasse aux abords du parc, et de rendre ainsi la vie de tout-e-s les manifestant-e-s pogné-e-s au milieu très désagréable.  Créer un bouchon, dans une manifestation monstre, est dangereux et stupide.  De plus, on m'a pratiquement donné l'ordre, à moi et à une co-manifestante, de rester dans un des hosties de doigts de la main, de manière très autoritaire et impolie.

Nous n'avons pas marché assez longtemps: quelques centaines de mètres et c'était déjà terminé.  Je trouve que pour des organisateurs/trices qui attendaient plus de 100 000 personnes, le trajet manquait sérieusement d'ambition.

Je remarque aussi que beaucoup des manifestant-e-s pris-es au milieu de la foule, sur la ligne de départ, ont agi de manière irresponsable.  Les gens poussaient, promenaient des pousse-pousses au milieu de la masse déjà compacte, rendant toute évacuation pratiquement impossible.  Et continuaient malgré tout d'affluer, aggravant le problème.  Il aurait pu y avoir des accidents.  Pensez-y la prochaine fois.  Et là, je parle aux vieux et vieilles qui nous font habituellement la morale sur la vitesse au volant et ou qui veulent nous coller un couvre-feu jusqu'à 25 ans.  Ceux et celles que j'ai vu hier pousser tout le monde en tas pour vous rapprocher de l'avant de la marche.  Vous manquez dangereusement d'autodiscipline et en plus c'est à peine si vous criez des slogans.  Mais c'était pas un festival, hier.  C'était une manifestation.  C'était politique.  Spectacle de Mes Aïeux ou pas.

Ce n'est pas que je ne respecte pas votre manière de vous exprimer, et que je ne suis pas heureux de voir que vous prenez enfin la rue pour défendre une cause.  Mais il ne faut pas mettre un certain facteur de risque de côté.  Une foule compacte remplie de gens sans jugement est bien plus dangereuse que 1000 émeutiers/ères.

Bref.  Je sais bien que vous avez l'habitude de marcher par contingents lors de la marche syndicale du premier mai, de vous faire appeler avant de vous mettre en marche.  Je sais que vous êtes habitué-e-s à ce que des haut-parleurs diffusent des bruits de foule à votre place.  Mais vous avez pas besoin de ça.  Vous avez juste à être créatifs/ives, à prendre des initiatives.  Mais surtout, quand vous voyez une foule compacte devant vous, arrêtez d'avancer.

vendredi 20 avril 2012

Les petites insultes de Charest

Je ne suis pas vraiment impressionné par les insinuations de Jean Charest, qui a, aujourd'hui, blagué au sujet de la manifestation qui se déroulait près du Palais de Congrès de Montréal.  Quand je l'ai entendu dire, devant une foule nombreuse: «À ceux qui frappaient à la porte ce matin, on pourrait leur offrir un emploi... dans le Nord, autant que possible», j'ai tout d'abord vu là une tentative manquée de ne pas se montrer intimidé.  Puis, dans les heures qui ont suivi, plein d'autres images me sont venues. 

C'est une déconnexion profonde avec la réalité qui explique les blagues de Jean Charest.  Regardez les images.  Avez-vous vu les couverts nacrés, les belles nappes et les gens bien coiffés qui ont assisté au dîner d'ouverture du Salon Plan Nord?  Ce monde-là vit dans un monde complètement différent du nôtre.

Quand je repasse sur ce que Charest a dit aujourd'hui devant ses chers/chères ami-e-s parasites du Grand Nord, c'est autre chose que de la fierté que j'entends.  J'entends le mépris ignorant du gouvernement pour une génération, une classe, des peuples.

Je me souviens de Ngo Dinh Nhu, premier ministre du Vietnam, se moquant des suicides de moines bouddhistes, qui s'étaient immolés par le feu pour dénoncer la répression brutale du régime sud-vietnamien en 1963.

« Si les bouddhistes veulent un nouveau barbecue, je serai heureux de fournir l'essence » avait-il alors dit.

Je me souviens aussi de la phrase qu'on attribue (certainement à tort) à Marie-Antoinette.

Quand on avait annoncé à une grande princesse que les paysans mouraient de faim par manque de pain, elle avait répondu, avec toute sa candeur imbécile: «Qu'ils mangent donc de la brioche».

Ce genre de remarques ont la caractéristique commune, à travers l'histoire, de mettre le feu aux poudres.

jeudi 19 avril 2012

Une assemblée démocratique.


Comme le journal La Presse a préféré publier les niaiseries de François Desrochers sans soumettre celle-ci à ma critique, eh bien je publie la version longue (la version envoyée ne faisait que 480 mots) de ma lettre ouverte envoyée au journal hier.  Ce texte est volontairement nuancé et modéré afin de plaire au format de La Presse.

Notons que j'ai entamé ce processus de rédaction de lettres ouvertes sous les pressions répétées de modéré-e-s, qui suggèrent d'enterrer les mass médias de lettres ouvertes et de commentaires.  Je réponds ainsi, de même, aux pressions de mes collègues universitaires qui me trouvent trop chiâleux, (dont l'une a déjà travaillé pour L'Actualité: je la salue), et qui me demandent naïvement si je prends le temps d'écrire pour répondre aux "présumés" mensonges colportés dans les médias.

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Une lettre d'opinion assez étonnante, publiée le 18 avril, traite d'une assemblée générale de grève à l'Association Facultaire Étudiante de Sciences Humaines de l'UQAM.  J'ai assisté à la même assemblée et je n'ai pas du tout eu la même expérience que l'auteur de la lettre.

Notons tout d'abord que l'AFESH n'était pas obligée de tenir une assemblée de reconduction de grève.  La dernière proposition votée sur le sujet exigeait que l'association étudiante reconduise automatiquement la grève jusqu'à ce qu'elle reçoive une offre de la part du gouvernement.  Comme dans d'autres associations étudiantes, il aurait été possible de statuer, simplement, que le décret augmentant le plafond de prêts et instaurant le remboursement proportionnel aux revenus ne constituait pas une « offre ».

Dans les faits, il aurait été tout à fait possible que la grève cesse ce lundi, si les étudiant-e-s en avaient pris la décision (avec un vote à majorité simple).  Je crois donc qu'il faut, en premier lieu, rejeter les arguments qui prétendraient que cette grève est « forcée » ou « antidémocratique ».  Notre association étudiante a jusqu'à maintenant, il me semble, respecté ses mandats.

Dans les assemblées de l'AFESH-UQAM, le décorum est un peu forcé.  Les applaudissements, huées et même parfois les rires sont dénoncés.  La « pression » est restreinte au minimum.  Cela n'a pas empêché, lundi, les partisan-e-s de l'arrêt de la grève de défier systématiquement ce décorum en hurlant et en applaudissant à tout rompre après chaque intervention favorable à leur cause.  Malgré leur nombre passablement réduit, ils et elles ont été plus bruyant-e-s et dérangeant-e-s que des centaines de partisan-e-s de la grève, gueulant manière totalement irrespectueuse.

Ajoutons aussi que certaines accusations ont été totalement farfelues.  Une intervenante a entre autres sous-entendu que le fait de porter le carré rouge était une preuve d'appui tacite à la violence, et que des grévistes avaient tenté de faire « dérailler » le métro.  Son intervention, incontestablement diffamatoire, fut-elle suivie d'une vague de huées ?  Pas du tout.  Quelques murmures d'objection, tout au plus, suivis d'appels au décorum.  Moi-même, qui suis en faveur de la grève, j'ai appelé à ce qu'on la laisse terminer.

L'auteur de la précédente lettre a affirmé que personne n'a parlé des «faits» avant d'énoncer des arguments assez convenus en faveur de la hausse.  C'est totalement mensonger.  Des opposant-e-s à la grève ont en effet parlé du « coût » de l'éducation. Mais peut-on reprocher aux membres de l'AFESH de ne pas s'être sentis concernés par des arguments fallacieux?

L'assemblée générale a débuté par un point d'information, pendant lequel des invité-e-s devaient diffuser de l'information sur les perspectives de lutte.  Des étudiant-e-s ont tenté de les museler en arguant que ces invité-e-s n'étaient bien entendu pas impartiaux.  Un vote s'est donc tenu sur la question : et c'est avec le consentement de l'assemblée que les invité-e-s se sont exprimé-e-s.

Le vote de grève ne s'est tenu que quelques heures plus tard.  Entretemps, j'ai pu assister au départ de plusieurs étudiant-e-s portant le carré vert : ce n'était certainement pas l'intimidation, mais l'impatience qui a motivé leur départ.  À ma connaissance, personne n'a été intimidé ou menacé pendant le vote.  Une de mes collègues a d'ailleurs pris une position différente de la mienne, sans que je ne ressente de tension par la suite.

Je ne nie pas qu'il puisse exister plusieurs cas d'intimidation dans des assemblées, ou en périphérie des consultations.  Il serait d'ailleurs temps que les partisan-e-s de la hausse reconnaissent que cette intimidation va dans les deux sens, et que ni vote secret, ni référendum ne peuvent la contrer efficacement, mais seulement un dialogue rationnel.  Vous souhaitez que nous condamnions la violence? Faites donc le premier pas.

mercredi 18 avril 2012

La grande oubliée

Le bonheur dans tout ce festival d'injonctions, de rébellions, de violence policière, d'actions directes et de résistance, c'est que plus personne ne parle d'Arielle Grenier.

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Les billets concernant l'actuelle lutte contre la hausse des frais de scolarité (et pour tout dire de plus en plus contre la logique de clientélisme dans les universités) sont maintenant groupés sous la libellule « grève étudiante ».

samedi 14 avril 2012

Les gérontocrates forment la jeunesse révolutionnaire.

Nous ne sommes pas des enfants gâtés ni des paresseux/euses. L'histoire de vos petites misères ne nous impressionne pas. Vous nous laisserez, dans quelques années, une société en déclin, ravagée dans son environnement et amputée de toutes les merveilles qui ont fait votre époque, mais que vous souhaitez égoïstement emmener avec vous dans vos tombes parce que vous ne jugez vos enfants dignes que de la strappe.

Vous êtes un trou noir de l'humanité et après vous, il ne restera plus qu'un désert uniforme. Vous aspirez tout dans votre gouffre béant. Vous êtes des vieillards-rois. Vous êtes la pulsion de mort globale. Vous êtes la gérontocratie. Et vous êtes en guerre contre nous.

Mais nous ne sommes pas si vulnérables.

Nous sommes une génération qui travaille plus que jamais et à qui on demande toujours plus. Nous vous servons dans vos restaurants. Nous déchirons vos billets quand vous sortez au cinéma. Nous vous vendons La Semaine dans les dépanneurs. Nous faisons sans cesse face à vos exigences de plus en plus élevées, nous devons étudier plus longtemps, parler plus de langues, nous endetter plus pour travailler plus et espérer prendre notre retraite plus tard.

Nous sommes aussi une génération qui a appris du Sommet de Québec, qui a démasqué les flics infiltrés à Montebello en 2007. Nous sommes la génération qui a résisté au G-20 et qui a pourri par milliers en prison, juste assez pour en goûter la saveur de béton humide, qui est d'ailleurs la même que celle de vos écoles déprimantes et obscurantistes, dans lesquelles vous tentez de donner forme à des citoyen-ne-s modèles tous réformé-e-s pareil, qui obéissent et qui votent.

Nous sommes des enfants fuckés par les divorces et intoxiqués par les allergies de votre petite bulle aseptisée. Nous sommes votre produit de consommation, en 12 versements faciles et rien à payer avant 2023. Une génération entière d'enfants jetables.

Nous sommes maintenant habitué-e-s de nous faire rabrouer, battre, poivrer.

Nous sommes habitué-e-s à la défaite et aux humiliations réservées à toute minorité. Et habitué-e-s de continuer malgré tout. Nous savons que nous n'avons à perdre que ce vous ne déciderez pas dans votre zèle sénile de ne pas réduire en cendres; c'est-à-dire pas grand-chose.

Nous avons les meilleurs allié-e-s du monde. Une bande de vieux fous et de folles qui ne se sont jamais senti vieillir et qui aiment encore la liberté; vous les connaissez, et vous les haïssez plus que nous encore parce qu'eux autres ne mourront jamais.

Nous n'avons à convaincre que nous-mêmes. Les gestes posés, leur caractère marquant sont plus que de simples coups d'éclat; ce sont des promesses pour l'avenir. Un avenir dont vous ne verrez pas poindre le jour et qui vous oubliera.

vendredi 13 avril 2012

Quelques petites choses sur la grève.

1. Le rectorat assiégé par apparemment des étudiant-e-s qu'on sait pas s'illes sont de l'UdeM ou ben pas.

La manifestation à l'UdeM hier me laisse croire que non seulement la lutte se radicalise massivement (apparemment il y avait à peu près 500 personnes dans le hall du Pavillon Roger-Gaudry, contre minimum 1000 au tout au début de la marche: pour une manif annoncée le matin sur Facebook, je trouve ça massif) et qu'elle se radicalise aux endroits où on ne s'y attend pas vraiment, mais je pense aussi que les gens qui posent des actions directes sont de plus en plus précis et audacieux. Qu'est-ce qui explique, toutefois, l'inaction de la police à ce moment-là? Ne savait-elle pas que des jeunes tentaient de défoncer la porte du bureau du recteur avec un bélier?

Je me demande si la police n'avait pas décidé d'attendre que les étudiant-e-s défient tous les termes de l'injonction avant d'intervenir. Qu'à cela ne tienne, l'université est revenue à la charge aujourd'hui en brandissant l'épouvantail d'une modification à l'injonction. En vain. Et pour de drôles de raisons:

« Le juge qui a entendu le débat soulève que la preuve n'a pas été faite que ce sont des étudiants membres des associations étudiantes de l'Université de Montréal qui sont responsables des actes de vandalisme de la veille, et a décidé de ne pas accéder à la demande de la direction de l'établissement. »

Je ne commenterai pas.

Je veux toutefois souligner la différence incroyable entre la réaction des Uqamien-ne-s et des Udemien-ne-s devant l'injonction ou l'ordonnance (peu importe comment on appelle ce paquet d'interdictions). À l'UQAM, il y a eu des discussions. Comment contourner les nouvelles interdictions? «Comme on ne peut pas bloquer l'UQAM, on pourrait bloquer tout... sauf l'UQAM» disait un activiste.

Réaction diamétralement inversée à Alma et à l'Université de Montréal, qui sont pourtant, et de loin, bien plus paisibles de réputation. Appel à la bombe. Barricades. Les étudiant-e-s de l'UdeM (je n'affirme pas qu'illes venaient de l'UdeM, je suppose seulement, madame la juge), devant l'interdiction de bloquer, ont décidé de défoncer les portes qui ne restaient pas encore obstinément ouvertes.

Je ne sais pas si c'est une leçon donnée aux vieux de la vieilles et vieilles de la vieux de l'UQAM, qui ont l'habitude des blocages, occupations, injonctions et cie. On va le savoir après la fin de la grève, dans quelques années sans doute, quand les procès seront tous terminés et qu'on saura si ça vaut la peine, se révolter.
2. Tout repose sur les cégeps.

Encore une fois, ce sont les étudiant-e-s du cégep qui ont le plus d'influence sur l'issue de la lutte. La menace d'annulation de session pèse sur eux comme jamais. Illes peuvent retourner cette éventualité en notre faveur. Selon moi, ce sont eux qui feront que nous gagnerons ou perdrons. Si je reste fataliste, ce n'est pas pour cette raison. Il se trouve dans les cégeps plusieurs des éléments les plus vaillants et les plus extraordinaires de tout le mouvement.


3. Pauvres journalistes

Des étudiant-e-s ont eu l'idée de saccager le bureau de Line Beauchamp. Je ne sais pas exactement en quoi a consisté ce «saccage», et si vous avez des photos, on vous prierait de diffuser. Tout ce que j'ai vu jusqu'à maintenant, c'est un présentoir à dépliants renversé.

Je compatis sincèrement avec le journaliste et le photographe de La Presse visés par la répression policière. Mais franchement, quelques heures en prison, c'est pas la mer à boire. Surtout quand on est accusé-e-s de rien. Le pire n'est pas l'incarcération temporaire; c'est un procès qui s'étire et qui nous ôte tout goût à la vie. Ça, c'est plutôt le sort qui est réservé aux autres manifestant-e-s arrêté-e-s ce matin, et que plusieurs vivent au quotidien depuis des mois, voire des années.

Quand même, je pense que La Presse, en voyant deux de ses employés maltraités par les flics, reçoit la salive qu'elle a crachée en l'air. Ce pouvoir abusif des policiers est une création de la paranoïa et du consentement collectifs, induits en grande partie par les mass médias. La Presse n'est pas particulièrement opposée à ce régime brutal, irrationnel et injuste qui enferme ses propres journalistes, malgré les objections polies de Patrick Lagacé et les chroniques de Michèle Ouimet. Elle l'entretient.

Je vous pose une question. Quelle sorte de régime arrête des journalistes pour rien, dans l'impunité la plus totale et l'indifférence de la population? Voici un indice.

lundi 9 avril 2012

Le printemps québécois - pas le mien.

Les tenant-e-s du printemps érable, du printemps étudiant ou du printemps québécois ne m'interpellent que peu avec leurs beaux discours. Habituellement, quand je sais que quelque chose est en train d'échouer, je ferme ma gueule afin de ne pas augmenter les chances d'échec. Mais actuellement, je ne sais juste absolument pas comment on pourrait en venir à entrer dans une nouvelle ère d'effervescence extraordinaire et, pour paraphraser le Refus Global, d'anarchie resplendissante en quelques semaines.

Oui, il y a des choses assez spéciales qui se passent. Par exemple, que les gens se mettent à monter spontanément sur scène dans un spectacle pour s'emparer du micro, comme l'a fait Benjamin Huppé à la soirée "Nous", c'est sans doute un symptôme de quelque chose. Même si c'était pour à peu près rien dire qui sorte de l'ordinaire. Le public habituel de ce genre d'évènements (comme le public du ironiquement plutôt politiquement correct Combat contre la langue de bois, dont j'ai fait partie une fois) est d'ordinaire poli et relativement apathique. Quelques actions d'éclat et manifestations furent aussi mémorables.

Mais peut-on réellement parler d'un contexte semblable au Printemps arabe? Rappelons que cette série d'évènements qualifiés à ce moment-là de révolution avait été déclenchée par une simple étincelle: un jeune Tunisien qui s'était immolé par le feu, désespéré de ne pouvoir gagner sa vie même humblement dans un pays gouverné par un tyran. Il n'a fallu que ça pour que toute la tension, insupportable dans les mois précédents - je l'avais sentie en Égypte - se relâche d'un coup. Un poing fermé qui s'ouvre et fleurit.

Ici, un mouvement de taille respectable essaie de faire plier le gouvernement sur un seul point, sans que la population ne se sente visiblement interpellée par autre chose que la fluidité de la circulation à Montréal. Certes, il y a des appuis, et certains sont de taille. Mais rien de réellement spontané. Pas d'allumette dans la mare d'essence surchauffée. Même les électrochocs d'Aveos et du budget fédéral n'arrivent pas à mobiliser plus que 7 000 personnes pour une marche d'une heure et demie.

Pour mobiliser les foules, il faut encore et toujours passer des tracts pendant des jours, faire de la logistique, annoncer partout, crier à en perdre la voix. C'est plus facile qu'en temps normal. Mais ce n'est pas une explosion. Ce n'est pas le printemps érable. Ce n'est même pas un printemps. C'est la grisaille et le mépris qu'il faut continuer à subir à l'extérieur du cercle de nos allié-e-s politiques. Si c'était un printemps révolutionnaire, il n'y aurait aucun besoin de se justifier sans arrêt, de se défendre dans des points de presse et dans des émissions stupides, de faire des memes sur Richard Martineau.

On aurait pas non plus besoin de leaders, de porte-paroles ou de prolifiques artistes pour parler à notre place.

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Cet après-midi, quand je suis passé au Carré Berri pour assister un peu au rassemblement pour le Printemps québécois, j'ai remarqué qu'il y avait quand même pas mal de monde: entre 600 et 1000 vers 14h30. Sans doute les mêmes orateurs/trices que d'habitude: Gabriel Nadeau-Dubois (qui a répété le même discours que l'autre jour), Dan Bigras, des syndicalistes, etc. J'ai aussi aperçu Jean Barbe et, je crois, Marie-Ève Rancourt, mais je ne sais pas s'illes ont pris la parole. C'était un bel évènement qui a attiré une belle foule malgré la pluie, bien que je ne partage pas l'enthousiasme de plusieurs participant-e-s.

Si vous voulez vous y rendre et tenter d'inscrire votre nom sur la liste des discours (je sais pas si c'est encore possible), vous avez, il paraît, jusqu'à 22h00.

Et si vous voulez alimenter la lutte, vous pouvez aussi participer, samedi le 14 avril, à la marche pour un printemps québécois, qui débute au Parc Jeanne-Mance, à Montréal.

Même si je ne crois pas que nous allons vivre des changements importants au cours des deux prochains mois, il y a quand même de faibles chances pour que le mouvement croisse lentement jusqu'à mener à quelque chose d'incohérent, de chaotique, de désordonné, d'indiscipliné, et de savoureux. Il n'y a pas qu'une seule manière de déclencher une révolution. Il n'y a pas que le printemps qui soit favorable à la liberté.

jeudi 5 avril 2012

"L'Offre" de Line Beauchamp.

Qu'à mange d'la marde.

J'aimerais mieux voir ma session annulée que de devoir accepter ça.

lundi 2 avril 2012

Lancement d'Autobus 64 Nord.

Mercredi le 4 avril, à 20h00 au bistro bar Yer Mad, se tiendra la soirée de lancement du quatrième numéro de la revue Autobus 64 Nord. Cette revue au très petit format propose des textes littéraires en tout genre. La seule condition : les oeuvres doivent faire au maximum 300 mots.

J'en parle parce que la revue, qui a participé cette année à Expozine, est finaliste dans la catégorie "Fanzine francophone" au gala des prix Expozine.

Venez faire un tour au lancement pour vous procurer un exemplaire!

Appel au fascisme du Prince Arthur

Magnifique article de Frédéric Lamontagne, du Prince Arthur.

Je cite:

« Devant les ambitions du mouvement étudiant, nous souhaitons interpeller le gouvernement du Québec. En avril 1972, le gouvernement Bourassa n’a pas hésité à mettre derrière les barreaux des leaders syndicaux du Front commun pour les mêmes raisons. C’est ce que nous demandons aujourd’hui. Afin de mettre fin à ces absurdités et à un débat qui tourne en rond, nous souhaitons que le Code criminel soit appliqué à ceux et celles qui brisent la loi en incitant leurs membres à la désobéissance civile. »

La tournure - je l'espère! - maladroite augmente ironiquement le caractère autoritaire et répressif de la déclaration. Cette citation partielle ne met pas assez en évidence la dénonciation précédente, c'est-à-dire l'appel à la désobéissance civile. Une désobéissance civile qui est aux yeux de l'auteur une hérésie fondamentale à sa chère démocratie qui n'a pas vraiment changé depuis 1792. C'est partiellement en raison des perturbations que Frédéric Lamontagne souhaite que les "leaders étudiants" enfermé-e-s.

Mais il ne faut pas mettre de côté pour autant le fait que c'est principalement pour mettre fin à un débat que Frédéric Lamontagne fait cet appel à la violence de l'État contre les gens qui « incitent à la désobéissance civile ». Le début de l'article est d'ailleurs évocateur: il met l'accent sur les arguments prétendument faux et irrationnels des « anti-hausses », sans s'attarder trop aux moyens d'action, illégaux ou pas. Disons-le autrement: ce n'est pas parce que les étudiant-e-s représentent un danger qu'il faut les emprisonner, mais bien parce qu'illes participent à un débat dont le déroulement déplaît à M. Lamontagne.

C'est une répression politique que souhaite Frédéric Lamontagne, et non le respect de loi qui de toute façon, sont tyranniques. Il refuse la comparaison avec le régime de Moubarak mais paradoxalement, fait la promotion d'une transition vers une dictature comparable à celle du président déchu en appelant à l'emprisonnement de porte-paroles syndicaux.

Le Prince Arthur, ce journal « étudiant » de droite, cautionne l'appel à la violence en publiant de tels textes. Il a choisi son camp: celui de l'autoritarisme le plus irrationnel (je retourne ainsi l'accusation de M. Lamontagne) et le plus brutal. Faire appel à la violence de l'État n'est pas puni par la loi, mais c'est aussi grave, sinon plus grave, que de faire appel à la violence d'individus. Les policiers/ères, les juges et procureur-e-s peuvent aussi être influencé-e-s par ce genre d'imbéciles.

C'est contre cette idiotie et cette étroitesse d'esprit, qui érigent le respect de la loi en dogme et appellent à la censure au nom d'une vision farfelue de la démocratie, que nous nous dressons quand nous décidons de poser des gestes d'éclat.

Vive la désobéissance civile. Si jamais vous mettez les « leaders »[1] étudiant-e-s en prison, arrêtez-moi aussi: je refuse de rester dehors dans de telles conditions.

« Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l'homme juste est aussi en prison »
- Henry David Thoreau

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[1] Ce ne sont pas mes leaders à moi. Je respecte le travail des porte-paroles de la CLASSE mais illes ne m'influencent pas et ne me représentent pas non plus. Leurs discours dans des manifs ne m'émeuvent pas. Je ne gueule pas ni n'applaudis à tout rompre comme un mouton tout blanc quand je les entends tout simplement parce que j'ai une sainte horreur des discours. Je trouve que les gens aux yeux ébahis qui les regardaient parler le 22 mars dernier avaient l'air d'une grosse bande de con-ne-s. Un peu comme les amateur-e-s de hockey en liesse et perdant tout jugement suite à une victoire dérisoire de leur équipe de millionnaires. Il y a quelque chose qui se passe dans leur regard et qui traduit une forme de transe religieuse.

dimanche 1 avril 2012

manif nationale à Sherbrooke

Quand : lundi, 2 avril, 14:00 – 17:00
Où : Parc Jacques-Cartier, Sherbrooke

Voici l'appel à la manifestation:

"Depuis maintenant plus de six semaines, des centaines de milliers d'étudiants et d'étudiantes sont en grève générale illimitée contre l'augmentation des frais de scolarité. Le 22 mars dernier, près de 200 000 personnes étaient dans les rues de Montréal. Une telle mobilisation est unique dans l'histoire du Québec. Le 22 mars, ce n'était que le début! Manifestons dans la circonscription de Jean Charest! Des actions seront organisées Du transport sera organisé partout à travers le Québec."

Les autobus partent à partir de Montréal au Carré Berri à 10h30.

La météo sera bonne.

Vous savez ce que c'est: s'il y a en-dessous de 10 000 personnes qui y vont, on dira ensuite dans les médias que le "mouvement s'essouffle". Alors que 5 000-10 000 personnes dans une manif à Sherbrooke, c'est encore tout à fait considérable. Faites attention à ce que vous allez ressentir en lisant les journaux le lendemain.