samedi 13 août 2011

Les Londonien-ne-s ont gaspillé leur chance.

Au-delà des analyses sur les classes sociales, les émeutes britanniques ont surtout montré que le désordre pouvait s'étendre avec une rapidité phénoménale, même dans un pays occidental et prospère comme la Grande-Bretagne, qui dispose en outre de moyens très sophistiqués en matière de surveillance et de répression. Seulement, comme c'est très souvent le cas, au lieu de déboucher vers un projet de société sans autorité, les troubles provoqués par ce vaste groupe d'individus n'ont porté aucun projet et ne serviront sans doute qu'à une chose: légitimer la prochaine répression gouvernementale.

Certains émeutiers triés sur le volet ont leur photo sur des affiches géantes. "Track them down", que ça dit. Les voleurs de pommes deviennent des bandits de grand chemin, et les crosseurs du gouvernement sont devenus des héros. Signe que la justice se réduit à la sauvegarde de l'ordre public. Signe que la corruption de l'État ne menace pas autant l'ordre public que des vandales. Corollaire: l'ordre public ne vaut finalement pas grand-chose.

Beaucoup d'hommes de pouvoir aimeraient jouir comme Cameron de cet immense potentiel d'initiative récemment acquis: soit de menacer d'avoir recours à l'armée sans faire sourciller personne. De pouvoir punir sévèrement le moindre écart de comportement, d'expédier la justice comme un colis à la poste dans l'indifférence la plus totale.

Si le prochain désordre massif est porteur, en Grande-Bretagne, d'un réel projet de liberté, ce n'est sans doute pas ce dernier projet qui mobilisera les Anglais. Ce sera le souvenir des émeutes des derniers jours qui les poussera à cracher sur la contestation et à applaudir la disparition de tout espoir.

6 commentaires:

  1. Note que ce n'est pas un jugement, mais un constat.

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  2. je sais mais je trouve que c est un constat severe... je ne peux pas m emepecher de voir qu a travers la pensee dominante qui veut garder un ordre déja decide a l avance il y a de petites poches qui ne peuvent que se rendre compte qu elles se font fourrer... et qui resistent... de la meme maniere, je ne peux pas m empecher de voir qu au travers de tous les témoignages de "gentils citoyens qui pensent que les forces policieres sont la pour leur venir en aide" il y en a qui constatent qu il y a de quoi de croche...et qui le disent haut et fort...meme a la television... ou sur le net...

    pour differentes raisons je pense qu on est loin d un soulevement generalisé dans un pays occidental, mais je ne pense pas pour autant que chaque mouvement de désordre "maté" vient automatiquement réduire les chances du prochain spasme social/ras le bol généralisé...

    me semble que tout est plus compliqué que ça non?

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  3. Tu as raison. Il faut tout prendre au cas par cas. Dans certains cas, ce qu'on appelle le désordre dans les médias conduit à une grande effervescence sociale et intellectuelle.

    Et même quand l'émeute cause des dommages collatéraux vraiment désagréables (attaque de bus, coups de feu, incendies, personnes innocentes attaquées) il peut en sortir quelque chose de constructif, comme après l'émeute de Montréal-Nord. Au moins une volonté de comprendre et de changer les choses.

    Quand le gouvernement fait l'erreur de ne pas correctement intégrer un "désordre" dans son processus de légitimation, il perd une bataille (ce qui arrive souvent). De mon point de vue, en regard des informations disponibles ici, j'ai l'impression que Cameron est en train de gagner cette bataille.

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  4. Il y a trop de NEETs au Royaume Uni.

    http://en.wikipedia.org/wiki/NEET

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  5. Évidemment, Cameron se fait élire comme l'apôtre du petit gouvernement, et subitement, il prône un plus gros gouvernement!

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