mercredi 31 août 2011

Délations institutionalisées.

Suis-je le seul à être légèrement dégoûté?

Il faut écouter le reportage radio.

jeudi 25 août 2011

Surprise for Gay Men.

La bisexualité chez l'homme existe[1]. Maintenant, j'encouragerais certains hommes homosexuels à arrêter de dire que nous sommes des gays refoulés[2], parce que:
- c'est faux;
- c'est insultant de se faire dire qu'on refoule quelque chose;
- c'est discriminatoire de dire qu'on existe pas;
- c'est aussi extrêmement vexant pour A... quand on insinue des trucs sur la sincérité de mon affection pour elle.

Je connais tellement d'histoires de gars (et à plus faible échelle de filles) qui ont tergiversé pendant plusieurs années sur leur orientation, faisant la grande annonce à la famille un jour et présentant une partenaire du sexe opposé le mois suivant. Parmi ce monde-là, il y avait autant d'hétéros que de bis et de gays. C'est pas facile et pas nécessairement aussi clair qu'on voudrait le croire, une "orientation".

Je peux comprendre que plusieurs personnes ont eu des expériences éprouvantes et qu'elles se sont fait croire des choses. Elles ont essayé de se persuader d'aimer une personne du sexe opposé, elles ont vécu des histoires qui n'ont mené à rien et qui ont blessé beaucoup de gens avant que la réalité leur saute dans la face de manière sauvage. Mais comme les hétérosexuel-le-s, les homosexuel-le-s doivent comprendre que beaucoup d'individus ne partagent pas les mêmes désirs qu'eux. Que les mécanismes ne se déclenchent pas de la même manière dans leur tête, tout simplement.

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[1] Merci à Plasmide pour avoir fourni le lien.
[2] Comme je l'ai expliqué dans un autre billet, c'est malheureusement une idée assez répandue qui sort je sais pas d'où. C'est bien évidemment pas moi qui l'ai remarqué: le phénomène fait même l'objet d'un article de Wikipédia.

vendredi 19 août 2011

G.C.

J'échangerais bien une vraie mauvaise nouvelle pour un canular de mauvais goût.

Gil Courtemanche, qui a ouvert les yeux de beaucoup de gens sur les horreurs du génocide rwandais, mais aussi sur le problème du sida en Afrique, est décédé. Cette disparition en est une autre qui est bien difficile à digérer.

jeudi 18 août 2011

Les porcs lâchés lousses

C'est un secret de polichinelle, même s'il y a encore des gens pour le nier: les gens à la peau noire se font plus souvent contrôler que les blancs. C'est vrai à Montréal, et on dirait bien que c'est aussi vrai à Laval.

Voici le témoignage assez convaincant d'une mère: "Mes deux fils ainés, l’un blanc et l’autre noir, ont tous les deux obtenu leur permis de conduire au cours des derniers mois. [...] Mon fils blanc ne s’est jamais fait intercepter par les policiers pour un contrôle et une vérification, alors que mon fils noir a eu droit à 9 vérifications de routine par la police de Laval depuis l’obtention de son permis de conduire le 19 mai dernier! Pas un, pas deux, pas trois…. 9, et ce, en moins de 2 mois!"

Les policiers s'en permettent pas mal ces temps-ci, au Canada comme au Québec. Au début du mois, un septuagénaire ainsi qu'une grande partie de sa famille sont menottés dans des circonstances troubles après que le fils de la personne âgée en question ait refusé de collaborer avec deux policières. Au lieu d'avoir recours à la négociation et la persuasion, les flics sont entrés et ont brutalisé tout le monde.

La police de Longueuil, impliquée dans le premier évènement, a aussi agressé une quinquagénaire de 112 lb sous un prétexte nébuleux et alors que celle-ci ne présentait absolument aucune menace. Les policiers l'ont emmenée avant de lui faire subir la typique séquestration dans leur autopatrouille. Résultat? Blessures au visage, lunettes brisées, dent cassée.

La police d'Ottawa, après avoir causé de nombreux problèmes et agressé beaucoup de gens, a reçu des critiques assez féroces de certains observateurs: «La violence est omniprésente dans cette force. C'est de cette manière que je la qualifie, une force, parce que ce n'est pas un service », dit Darryl Davies, prof de crimino.

Les histoires de braves gens, de personnes qui ont rien fait, qui pourraient être votre mère et qui se font violenter par les forces de l'ordre, il y en a plein, et j'ai comme le sentiment qu'il y en a de plus en plus. Si la police frappe des gens tranquilles et ordinaires, imaginez ce qu'elle fait à des gens un peu trop têtus pour eux, ou qui ont le malheur de ne pas avoir appris à se mettre à genoux. Imaginez ce qu'elle fait endurer quotidiennement aux indésirables de la société.

Cette aisance que prennent maintenant les flics dans l'exercice de leurs fonctions répressives est-elle liée à la présence du PCC au pouvoir à Ottawa[1]? On ne sait pas si ces paramilitaires à képi ont reçu des consignes claires, mais la seule indulgence des politicien-ne-s face aux abus de toute sorte peuvent provoquer bien des dérives.

Il est aussi fort probable que l'équivalent social de la bactérie mangeuse de chair soit une maladie inhérente à ce que plusieurs désignent pompeusement par le terme de démocratie libérale, mais que je qualifierais plutôt d'avatar le plus perfectionné du crime organisé.

Peu importe la source, il faut que ce genre de comportement finisse bien par cesser un jour. Que ce soit par un changement dans l'éducation (attention, ici je ne parle pas de la formation) des agent-e-s ou mieux encore par la dissolution de l'institution coercitive que représente la police.

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[1] Un parti qui cache de plus en plus mal son idéal de junte monarchique de droit divin.

samedi 13 août 2011

Les Londonien-ne-s ont gaspillé leur chance.

Au-delà des analyses sur les classes sociales, les émeutes britanniques ont surtout montré que le désordre pouvait s'étendre avec une rapidité phénoménale, même dans un pays occidental et prospère comme la Grande-Bretagne, qui dispose en outre de moyens très sophistiqués en matière de surveillance et de répression. Seulement, comme c'est très souvent le cas, au lieu de déboucher vers un projet de société sans autorité, les troubles provoqués par ce vaste groupe d'individus n'ont porté aucun projet et ne serviront sans doute qu'à une chose: légitimer la prochaine répression gouvernementale.

Certains émeutiers triés sur le volet ont leur photo sur des affiches géantes. "Track them down", que ça dit. Les voleurs de pommes deviennent des bandits de grand chemin, et les crosseurs du gouvernement sont devenus des héros. Signe que la justice se réduit à la sauvegarde de l'ordre public. Signe que la corruption de l'État ne menace pas autant l'ordre public que des vandales. Corollaire: l'ordre public ne vaut finalement pas grand-chose.

Beaucoup d'hommes de pouvoir aimeraient jouir comme Cameron de cet immense potentiel d'initiative récemment acquis: soit de menacer d'avoir recours à l'armée sans faire sourciller personne. De pouvoir punir sévèrement le moindre écart de comportement, d'expédier la justice comme un colis à la poste dans l'indifférence la plus totale.

Si le prochain désordre massif est porteur, en Grande-Bretagne, d'un réel projet de liberté, ce n'est sans doute pas ce dernier projet qui mobilisera les Anglais. Ce sera le souvenir des émeutes des derniers jours qui les poussera à cracher sur la contestation et à applaudir la disparition de tout espoir.

lundi 1 août 2011

La droite, véritable victime de Breivik.

La droite du monde souffre actuellement comme si elle avait été saignée à mort par le meurtre atroce d'ados gauchistes de Norvège. Non pas parce qu'elle condamne (même si elle le fait) l'attentat, mais bien parce qu'elle accuse la gauche de l'y associer.

Pourtant, la droite ne se gêne pas pour lier le radicalisme islamiste avec le gauchisme le plus insignifiant, gnagna et rose. Québec Solidaire, un parti pourtant modéré, se fait traiter de tous les noms, avec d'autres petits groupes comme Alternatives:
"l’extrémisme d’Alternatives, de QS [...]"

On fait bien entendu référence à la flottille d'aide aux Palestinien-ne-s, "Une activité de fanatiques exaltés".

On se souvient aussi des propos du même auteur (Duhaime) face à Khadir:
"Musulman non-pratiquant, Khadir ne soutient pas certaines causes islamistes par conviction religieuse, mais participe plutôt à l’alliance «anti-impérialiste» entre l’extrême-gauche et les islamistes qui se forge partout en Occident."

Et:
"Amir Khadir a un agenda islamique."

La gauche est donc coupable par association des crimes des militants de l'extrême-droite islamiste et complice des régimes autoritaires, comme le dit aussi un autre chroniqueur de droite, Mathieu Bock-Côté.

La police elle-même, avant le G-20, souffrait d'une psychose dangereuse, surveillant les anars "au même titre qu'Al-Quaïda".

Ce ne sont que des exemples d'un phénomène global chez la droite: le rapprochement entre la gauche et des mouvements violents et ultraconservateurs dont on fait ponctuellement la caricature pour les rendre encore plus méchants.

Après le crime de Breivik, qui récupère la paranoïa et le message haineux de la droite populiste et conservatrice, plusieurs journalistes ont employé les termes de Chrétien fondamentaliste, d'extrême-droite, de droite radicale, de droite populiste, etc. pour décrire l'orientation politique de l'assassin.

La réaction de la droite, comme à l'habitude, est immédiate: c'est un concert de déchirage de chemises et de pleurnicheries.

Ezra Levant refuse que Breivk soit associé au Christianisme fondamentaliste. Sur un ton de preacher, il accuse CBC de n'importe quoi et passe en fait plus de temps à disculper sa propre idéologie (par ailleurs haineuse et irrationnelle) qu'à dénoncer l'attentat. Comme tous les autres, il accuse tout simplement le forcéné d'être un fou[1]. Il imagine un immense complot médiatique "gauchiste" visant à faire le lien entre le christianisme et Breivik. Il fait de lui un "leftist new poster boy for the face of evil". Selon lui, CBC "jubile" de pouvoir rattacher un crime à la droite conservatrice. Il n'en fait pas la démonstration claire; il dit simplement qu'on peut "le sentir" dans le traitement que les médias font de l'affaire.

La tirade de Mario Roy est du même acabit: on ne peut pas, selon lui, comparer le "terrorisme" de Breivik au terrorisme gauchiste (ancien) et islamiste (récent): "Et c'est cet homme-là qui annoncerait une vague inédite de violence d'extrême droite? Allons donc! Les «vrais» terroristes sont d'une autre trempe. [...] Comparées à d'aussi formidables entreprises, la terreur de Breivik, et celle de l'extrême droite européenne en général, ne font tout simplement pas le poids. [...] Et, à ce jour, les hauts faits des néonazis et autres suprématistes ont eu davantage à voir avec la rixe de ruelle qu'avec l'attentat meurtrier."

Ouais, c'est vrai que les néonazis russes récemment condamnés n'ont pas commis "d'attentat". Mais ils sont quand même accusés d'avoir buté 27 personnes.

De même, le nombre de crimes commis par l'extrême-droite, en Europe, est quand même impressionnant.

Dans les seuls quatre pays qui calculent ces statistiques, pour 2008, on parle de milliers de crimes commis par l'extrême-droite:

333 en Autriche
111 menaces et 37 crimes violents en France (la méthode de calcul est en cours de modification, en 2007 on parlait de 247)
667 en Suède
19 894 en Allemagne!

La source, c'est le rapport du FRA, à la page 43.

Mais ne nous attardons pas sur l'article minable de Mario Roy, on sait déjà que l'éditorialiste ne vérifie jamais ses infos avant de publier et qu'il fie ses analyses sur de fugaces impressions.

Dans le Prince Arthur Herald, cette source étudiante que j'aime de plus en plus, Julien Perras-Joly se plaint aussi de l'association que la gauche fait avec le terroriste d'extrême-droite.

Résumons ses propos qui n'ont rien de nouveau: Breivik est un "illuminé" et "Les hommes de « droite », quant à eux, défendent leurs idéaux et leurs politiques de façon démocratique et dans le respect des opinions divergentes." Il déresponsabilise donc la droite. Les actes d'un malade mental n'ont rien à voir avec ses idées. Il ajoute que hélas, "la « Droite » se voit associée à une démonstration sadique de radicalisme nationaliste, une fois de plus."

Quelle connerie.

Le plus incohérent dans ce genre d'argumentation, c'est la fureur répressive qui suit la disculpation. La répression est certainement un autre point sur lequel la droite conservatrice et Breivik s'entendent très bien: " les conservateurs d’à travers le monde, eux, se demandent toujours pourquoi ce monstre ne fera possiblement face qu’à une peine maximale de 21 ans de prison."

On peut en conclure qu'apparemment, même si Breivik est un malade mental atteint de toutes les pathologies du monde, sa place n'est pas dans une institution mais en cellule.

Richard Martineau se met aussi de la partie. Au lieu de dénoncer l'extrême-droite comme il demanderait sans doute à la gauche de dénoncer l'extrême-gauche, il refuse d'associer le christianisme à la violence terroriste: "Ils sont où, les camps de formation pour les futurs terroristes cathos ?" Accessoirement, il qualifie les islamistes radicaux de "barbus" et profite de sa chronique pour attaquer ces derniers et s'apitoyer sur la persécution des minorités chrétiennes à travers le monde, tout en considérant celle-ci comme "la [seule?] vraie persécution".

La droite conservatrice, chrétienne, nationaliste/réactionnaire défend plus âprement son radicalisme encore que les gauchistes condamnent les crimes de Breivik. Égarée dans son trip paranoïaque, elle s'imagine que les gauchistes se mettront bientôt à la poursuivre, à arrêter ses militant-e-s dans leur salon comme de vulgaires membres de l'ASSÉ.

Mais de tout temps, elle a fait exactement ce qu'elle reproche à la gauche depuis quelques jours: elle a fait des amalgames douteux, a accusé la gauche de faire la promotion de la violence, a encouragé la répression sauvage, a associé des gens qui n'ont aucun lien entre eux.

Je remets d'ailleurs en question ce genre d'accusation faites à la gauche. Quand les dénonciations fusent, elles visent surtout la droite radicale, genre le FN et les mouvements anti-immigration racistes. La droite fiscale/modérée/conservatrice se sent visée? C'est sans doute par effet miroir. Elle croit que le public réagit face aux extrémistes de leur mouvement de la même manière qu'elle-même réagit devant une vitrine pétée par le Black Block.

La droite goûte à sa propre médecine. En temps normal, ça me ferait marrer, mais de les voir brailler sur leur propre sort devant l'horreur de cette tuerie, ça me fait plutôt vomir.

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[1] "a mad man [...] a lunatic." Il l'accuse aussi d'être un sataniste.