vendredi 15 juillet 2011

habile manipulation policière.

Le terme "agent provocateur" change de sens. Ce n'est plus un policier tentant de légitimer la répression policière à suivre en incitant au crime. C'est maintenant un agitateur d'extrême-gauche qui essaie sincèrement de foutre le trouble.

Si l'emploi du terme est seulement un témoignage de plus du manque de vocabulaire des forces constabulaires, c'est une donc preuve de plus que celles-ci sont dirigées par des illettré-e-s. Delorme a déjà montré qu'il avait de la difficulté avec le sens des mots en parlant d'évènement "embryonnaire" pour caractériser une manif spontanée ayant suivi les arrestations de la marche corporatiste (scusez, la marche de l'Alliance sociale) du 12 mars. Embryonnaire. Maudit que ça voulait rien dire.

En revanche si l'emploi est volontaire et conscient, il s'agit d'un habile glissement de sens aux objectifs idéologiques difficilement déterminables. Qu'arrive-t-il en effet quand un terme se galvaude au point où il finit par décrire un tout et son contraire?

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Jacques Binette, chef du service des enquêtes spécialisées du SPVM, s'exprime sur nos libertés démocratiques:

«Toutes les manifestations sont devenues sujettes à des débordements, à du soulèvement populaire, à de la provocation et, éventuellement, à des voies de fait et à des méfaits à l'égard des policiers, a-t-il expliqué lors d'une entrevue avec La Presse. Maintenant, peu importe la manifestation, peu importe le rassemblement, il faut être présents et avoir le radar bien ouvert pour déceler la présence de mouvements anarchistes

Le cadavre de chat sort du sac. La citation est choquante dans son ensemble. Pas un seul bout de phrase qui ne soit pas la marque d'une dérive dangereuse.

Combien de temps continuerons-nous donc d'accepter que des malades aux idées tyranniques répriment toute idée sortant de l'ordinaire? En parlant de ces termes qui perdent leur sens ou leur intérêt: liberté en est un. Considéré comme un acquis par des loques consommatrices qui ont tout essayé mais qui ne savent toujours pas ce que ça goûte la fraîcheur. Récupéré par des activistes pour la peine de mort, la répression, les cravates, les soirées-cocktails, la pollution de notre environnement qui nous ôte la l'occasion de boire à volonté, de se baigner, de sortir prendre une marche.

L'indifférence

Un jour je me suis dit que le jour où les payeurs/euses de taxes, assis-es dans leur fauteuil et tonitruant contre les gens qui refusent de voter à leurs chères élections frauduleuses, seraient directement affecté-e-s par la violence autoritaire, quand les faits nous donneraient (enfin?) raison, les grabataires se décolleraient finalement le cerveau de la télé, à la spatule s'il le faut, et se lèveraient.

Mais ce point de non-retour est partiellement déjà atteint, et pourtant l'indifférence persiste sans signe de réveil. Le phénomène est mondial, à tel point que les capitalistes parviennent même à voir dans une "révolution" une opportunité publicitaire, quittes à citer des pourris quand ça fitte dans leur plan de campagne[1].

Il y a quelque chose de triste dans le fait que les gens ne savent pas défendre la misérable ruine de liberté qu'il leur reste. Et qu'ils ne savent souvent pas non plus faire autre chose que de juger avec mépris les gens qui font des sacrifices pour les défendre, eux. Et que les supposé-e-s allié-e-s des négligé-e-s, les syndicats, soient les émules des brutes de l'État et contribuent plus qu'autre chose à notre incarcération.

Et quand j'entends les gens de la droite affairiste répéter ad nauseam qu'on ne peut, au Québec, critiquer la gauche[2], alors que la gauche est surveillée sans justification par la police, eh bien je ne me marre plus autant qu'avant. Pour la droite, la simple réponse gauchiste à la critique est coercitive, mais l'usage abusif de la force policière est parfaitement légitime et pourquoi pas, démocratique.

C'est le rêve corporatiste mussolinien que nous nous injectons à petites doses en acceptant les bassesses dictatoriales de notre État.

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[1] Voir la campagne de Mobinil, une compagnie de téléphone égyptienne, sur la photo à gauche.
[2] À 2min20.
Mais je sais pas par quelle loi c'est interdit.

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