dimanche 6 février 2011

clinique de l'intolérance.

Bon, je m'excuse de ne pas avoir publié d'articles dignes de ce nom depuis si longtemps. J'étais très occupé et préoccupé (d'ailleurs, je le suis toujours). Je n'ai pas envie de donner dans les détails: disons simplement que je suis un peu malade depuis le 15 décembre, que j'avale des pilules comme d'autres avalent des sushis et que je sais toujours pas ce que j'ai. Mon faible taux de Vitamine B12 (juste un peu sous la normale) suggère que c'est soit dû à mon alimentation trop faible en produits d'origine animale, soit dû à un problème de mal absorption, soit dû à une intolérance/allergie au gluten, etc. En fait, je me suis rendu compte depuis le début du mois que des dizaines de maladies présentent les mêmes symptômes et que la médecine n'est pas aussi avancée qu'on pourrait le croire, puisque ces problèmes sont à peu près impossibles à diagnostiquer sans possibilité d'erreur après deux ou trois tests.

Un des meilleurs exemples, c'est le syndrome du côlon irritable.
1. On sait pas par quoi c'est causé.
2. On ne peut pas le diagnostiquer rapidement.
3. On attribue souvent ce problème à des gens qui ont autre chose.
4. On ne peut pas le soigner par voie médicale.

J'en parle surtout parce que ça touche 10% à 20% de la population et que dans certains cas, ça peut vraiment polluer la vie, parce que ça peut provoquer jusqu'à un dérèglement du taux de sérotonine. Or, un mauvais taux de sérotonine conduit directement à la dépression.

Je ne crois pas être atteint d'un tel problème, mais le fait d'avoir été convaincu d'en être victime pendant une semaine m'a fait comprendre plein de choses sur les difficultés de vivre quotidiennement avec des problèmes de santé en apparence mineurs et dans l'indifférence totale du système.

Il se trouve que comme plusieurs autres, je n'ai pas de médecin de famille. Je n'ai pas jugé bon d'en chercher un parce que ma mère est omnipraticienne (maintenant, elle travaille dans son verger) mais la distance complique souvent les choses, alors je consulte généralement par les voies ordinaires, comme tout le monde. Je suis allé quelques fois à l'hôpital et tout s'est à peu près toujours bien passé, malgré le fait que ces édifices soient des monstres inhumains, obscurs et que la publicité soit omniprésente. Notons aussi qu'il est devenu très facile d'avoir des passe-droits en payant un supplément, ce qui ne devrait d'ailleurs étonner personne.

Mais cette fois-ci, j'ai visité une clinique sans rendez-vous de deuxième étage de pharmacie (suggérée par la réceptionniste d'une autre clinique). Grosse erreur.

Suite à un temps d'attente normal en période d'épidémie de rhume/grippe/gastro, la médecin, une jeune, m'a examiné le ventre avant de remplir une feuille avec des examens sanguins à passer[1]. Tout y était: ma mère devait plus tard s'esclaffer après avoir vu le nombre de trucs inutiles qu'il faudrait vérifier. Tout ça après avoir simplement posé deux questions (je me serais attendu au minimum à ce qu'elle me demande si je fumais et buvais, étant donné que ce sont deux facteurs augmentant les risques d'ulcères).

La moitié de la consultation consista en fait à m'obstiner avec la médecin pour qu'elle me foute la paix avec ses offres de services payants. Elle voulait me vendre une séance avec une nutritionniste avant même de savoir ce que j'ai. Quand j'ai dit que je n'avais pas d'argent, elle a été plus émue que si elle avait appris que j'étais en phase terminale. Elle a répondu: "Il faut que tu comprennes que c'est un investissement que tu fais." Franchement, je suis fatigué de subir ce discours. C'est la même chose avec mon éducation. Pourquoi ne me dit-on plus jamais: fais ça, c'est pour ton bien?

Le pire, c'est que la médecin semblait plus intéressée par mon domaine d'études que par mon mode de vie. "Un historien, ça doit faire dans les 60 000$", a-t-elle probablement estimé mentalement, avant d'ajouter: "Puisque tu ne veux pas payer, je te conseille d'aller passer tes tests au Royal Victoria."

Le lendemain, j'appelle au Royal Victoria pour avoir des infos et/ou prendre un rendez-vous. Je tombe sur le répondeur.

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[1] En passant, ça vous dit quelque chose, Up to Date? C'est comme le Wikipédia des médecins. C'est encore plus facile à utiliser que Jstor, mais l'abonnement doit coûter plus cher.

2 commentaires:

  1. J'espère que ça ve se replacer pour toi. Tu ne tombes pas malade à la bonne époque, à tout le moins si tu n'as pas d'argent.

    «Or, un mauvais taux de sérotonine conduit directement à la dépression.» C'est ce que j'ai. Déficit de sérotonine, ce qui fait que je suis dépressif chronique. Et ils ne peuvent rien faire, alors dans mon cas, ça ne me donne rien d'avoir accès à quoi que ce soit. Je ne prends pas de médicaments. J'entends souvent dire que ça rends vedge, ça rends ci, ça rend ça, mais dans mon cas je n'ai rien senti, à part en dépression majeure et au moment d'arrêter la médication.

    Je suis pris avec ma condition, elle ne partira jamais. Je peux juste faire des trucs pour me rendre la vie moins pénible (jouer au soccer par exemple m'est presque une nécessité, je peux pas juste étudier et/ou travailler).

    Et je vais entendre des gens parler de dépression toute ma vie sans qu'ils ne sâchent de quoi ils parlent, surtout les sociologues qui n'y voient que de causes sociales. C'est plus compliqué que ça...

    Désolé d'avoir dévié.....

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  2. Non, non, ça me va. Je voulais justement te demander si ta condition était due à un déficit en sérotonine ou autre chose.

    Dommage qu'il soit encore impossible de s'attaquer directement à la cause plutôt que d'affaiblir légèrement les symptômes avec des médicaments qui rendent plus malade. J'ose espérer que le temps et les études cliniques vont finir par régler ça un jour.

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