mardi 14 juillet 2009

Julien Gagnon, du PLQ, pastiche Bourgault.

Merci à Mademoiselle C. pour m'avoir mis la puce à l'oreille en m'envoyant ce vidéo.

Le Président du Comité-jeunesse du PLQ, Julien Gagnon, a en effet pastiché une partie d'un des plus grands discours de Pierre Bourgault lors du congrès de l'aile jeunesse de la formation libérale en mai dernier.

Dans l'allocution de fermeture du congrès, il a prononcé cette phrase, à 4min30: "Le Parti Libéral a su être le parti de ces bâtisseurs, de ces innovateurs, de ces penseurs, parce qu'il est attaché à ses valeurs." Un peu plus loin, il a renchéri: "Le Parti Libéral a produit les Godbout, Lesage, Bourassa, parce qu'il est resté dévoué aux rêves qu'il a eu pour l'avenir."

En 1971, Pierre Bourgault prononce un discours très inspirant (c'est le cas de le dire) lors du Congrès du Parti Québécois. On en a conservé l'enregistrement dans les archives de Radio-Canada. À 5min55, il prononce cette phrase: "Ho Chi Minh n'était pas respectable, il l'est devenu. DeGaulle n'était pas respectable, il l'est devenu. Castro n'était pas respectable, il l'est devenu. Parce qu'ils sont restés fidèles à leurs rêves de jeunesse. Et c'est ce que je voudrais que le Parti Québécois fasse: rester fidèle aux rêves qui l'ont enfantés."

Il y a vraiment trop d'éléments en commun entre les deux passages. Premièrement, la référence à trois personnages figurant comme des exemples de réussite; ensuite l'allusion à des rêves originels; et finalement la double mention de la fidélité aux "projets de jeunesse". Dans les deux cas, elle est tout d'abord décrite comme concept général, puis appliquée à la réalité politique avec des exemples concrets. J'aurais pu encore penser qu'il s'agissait d'une coïncidence si Gagnon n'avait pas imité jusqu'à l'intonation de Bourgault dans son fameux "parce qu'ils", prononcé deux fois plutôt qu'une par le prestidigitateur.

Vous observerez qu'en bon libéral, Gagnon ne propose toutefois pas un changement dans son parti, comme le faisait Bourgault: il se contente d'en vanter les accomplissements. Bourgault parle de l'avenir, Gagnon du passé. L'allusion est discrète et bien dénaturée. On arrive à reprendre une structure oratoire de Bourgault ayant pour but de déclencher l'inconfort afin de créer, chez les jeunes libéraux, une situation de confort. C'est du grand art.

Mais c'est aussi vraiment stupide: en pastichant Bourgault, Gagnon nous révèle que son ambition est plus grande que son originalité. Il nous montre aussi sa suffisance: pour lui, le PLQ est tout simplement armé depuis toujours des vertus que Bourgault souhaitait voir le PQ posséder. Finalement, en récupérant non pas un orateur de son camp, mais bien du camp adverse, il fait preuve d'une hypocrisie qui frôle la bouffonnerie.

Julien Gagnon, étudiant en économie, est une des étoiles montantes d'une jeunesse dorée incarnée à travers une pléthore d'organismes élitistes (pour les 18 à 30 ans) qui font la promotion du leadership. Sa reprise de Bourgault, qui vise sans aucun doute à électriser les moutons blancs immenculés de la Commission-jeunesse et de se faire remarquer dans la cour des grands, risque de ne pas être sa dernière tentative de crosser des gens naïfs. Maintenant que nous connaissons ses méthodes, nous avons plusieurs raisons de plus de se méfier de ce petit Napoléon.

5 commentaires:

  1. Ses gestes et son intonation ne sont pas non plus sans rappeler son homologue de la version adulte du PLQ, présentement chef d'État. Du moins, c'est ce que ma mémoire me semblait percevoir.

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  2. En effet, ils ont le même petit ton de voix désagréable.

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  3. J'y pense: ce monsieur Gagnon avait déjà admis, aux Francs Tireurs, que l'éloquence de Pierre Bourgault l'inspirait beaucoup. Tant mieux si de jeunes loups d'aujourd'hui se laissent encore inspirer par la verve d'une personnalité qui a marqué le Québec.

    C'est un peu mieux que le président des jeunes péquistes qui, lors de la même émission, en réponse à la même question que son homologue libéral, disait avoir plutôt pour modèle ... Maurice Duplessis !

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  4. La comparaison entre le chef de l'aile jeunesse et du CNJ ne m'intéresse pas outre mesure. Les deux sont membres de partis malhonnêtes, liberticides et bourgeois que je souhaite voir disparaître en même temps que l'État, la police et le capitalisme.

    Par ailleurs, quand vous parlez de jeune loup, je pense que ça dit à peu près tout. J'ai connu Gagnon par personne interposée et ce que j'ai retiré de l'expérience de mon amie, c'est que c'est un beau-parleur plein d'ambition.

    Est-ce un hasard si vous commentez sur mon blogue un article qui a plus d'un an d'âge? Préparez-vous une campagne? Ou vous êtes tombé sur moi par hasard en essayant de voir comment Internet a réagi à votre forum/congrès?

    Ma soeur a déjà reçu une mise en demeure parce qu'elle avait laissé ses coordonnées en bas d'un courriel anti-Charest qu'elle n'avait fait que transférer à ses chums. Un genre de SLAPP, quoi.

    Je sais donc que vous aimez beaucoup, au PLQ, jouer à la police sur Internet. Mais rira bien qui rira le dernier. Ou la dernière.

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  5. "membres de partis malhonnêtes, liberticides et bourgeois que je souhaite voir disparaître en même temps que l'État, la police et le capitalisme"


    on aime ca, ca promet.

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