samedi 30 août 2008

Comment l'anarchie est-elle possible? (Introduction)

J'écrirai cette série de textes essentiellement pour répondre à ceux et celles qui pensent le projet peu réaliste. La crainte vient surtout de la gauche social-démocrate, essentiellement nationaliste. Quant à une certaine droite, elle croit pouvoir profiter, du moins à moyen terme, de l'abolition de l'État. Nous verrons donc dans les prochains jours/semaines pourquoi je crois qu'elle se trompe.

Peu importe ce qu'en penseront les théoriciens marxistes ou chomskyistes, j'ose interpréter sémantiquement le terme "anarchie": a(n), en grec, signifie "absence de" et archè "commandement", ou "pouvoir". Cette simple définition est suffisante pour décrire l'état dans lequel vit une société anarchiste. Imposer avec certitude toute précision supplémentaire, c'est de la masturbation intellectuelle contraire, justement, à l'idée de l'anarchisme: c'est lui imposer des paramètres et des dogmes, alors qu'elle se doit d'être libre. Au plus, nous pouvons proposer ou imaginer des modèles de société anarchiste, ou en écarter quelques autres, sans marcher sur la gueule des gens qui ne souhaitent pas marcher sur la nôtre, comme le font, je dirais, presque la moitié des individus se décrivant comme "anarchistes". Ces derniers, prêchant la liberté mais agissant parfois en véritables dictateurs, ne valent pas mieux qu’un Pape qui parle de l'amour du prochain tout en massacrant ses fidèles.

Le premier texte de cette série, je vous l'annonce tout de suite, critiquera le point de vue des ploutocrates se prétendant anarchistes.

lundi 25 août 2008

L'avortement

La loi C-484 n'est pas encore défaite.

Je remets en cause, souvent, les stratégies des pro-avortements, qui font des amalgames entre la lutte des anti-choix et leur racisme. La stratégie de l'organisation Avortons leur Congrès m'avait apparue peu à propos, car elle accusait des groupes à tort et à travers, tout en optant pour un nom de très mauvais goût. Une partie de l'argumentation de certains groupes me semble aussi profondément ridicule et inepte; j'y reviendrai peut-être dans un autre billet dédié spécifiquement au mouvement féminisme ou pro-choix en général.

Cependant, je crois, comme les autres pro-choix, que le gouvernement Harper met en danger le droit à l'avortement avec ces brillantes manipulations législatives. (Voici un site web pouvant vous renseigner là-dessus. On y fait souvent référence ailleurs, mais toutes les pages pro-avortement québécoises sur lesquelles j'ai l'habitude d'aller me sont actuellement inaccessibles. Si vous parvenez à accéder à ces pages, bien vouloir m'en informer, s.v.p., pour que je puisse changer de fournisseur Internet).

Je me risquerai à deux réflexions: tout d'abord, je pense que le gouvernement, au lieu d'être obsédé par les enfants à naître, devrait commencer par s'occuper des enfants qui sont nés, par la lutte contre la pauvreté, qui fait de plus en plus défaut de nos jours; et ensuite, afin de rester cohérent idéologiquement, punir comme assassines les entreprises qui provoquent massivement des fausses couches et déformations à la naissance, par leurs agressions psychologiques commises contre leurs travailleuses enceintes, par leur pollution systématique de l'environnement de travail et de l'environnement en général. Les véritables chiens sont incorporés.

Le gouvernement sait très bien qu'une loi interdisant l'avortement ne réduirait pas même sensiblement le taux de grossesses interrompues. C'est par idéologie qu'il s'obstine à défendre des réformes qui ne mèneront à rien. Heureusement pour lui, les citoyens et citoyennes semblent trop enfermé-e-s dans leur petit monde consumériste pour se rendre compte de quoi que ce soit.

lundi 18 août 2008

Des médecins sont contre la privatisation

Ils et elles ne sont pas tous de cet avis, car beaucoup profitent de la commercialisation de la santé et de leur nouveau statut de femmes et hommes d'affaires. Mais certains placent l'intérêt de leurs patient-e-s avant leurs intérêts matériels.

On sait qu'il y a grossièrement deux manières d'agir au cours d'une pénurie: soit on rationne le bien devenu trop rare et qu'on le distribue équitablement entre membres d'une communauté, soit on laisse la spéculation agir jusqu'à ce que la crise passe. Conserver un système public seulement, comme le veulent les médecins de Médecins québécois pour le régime public, entre dans une logique de rationnement. On sait que les médecins sont trop rares pour faire face à la demande, alors on choisit les patient-e-s de manière pragmatique afin de pouvoir maximiser le service; c'est le même principe qu'une économie de guerre. Les médecins et banquiers en faveur de la privatisation de la santé (ici, il s'agit véritablement de capitalisation de la santé, et non seulement de privatisation) comptent au contraire sur la spéculation qu'entraîne la rareté pour maximiser leurs revenus. (Mais ça, tout le monde le sait, bien que certains droitistes parviennent à prétendre que c'est pour le bien du peuple qu'on privatise les hôpitaux.) Dans une telle situation de vente aux enchères des soins de santé, (il y en aura pas pour tout le monde) des chirurgies esthétiques à la glotte peuvent passer avant le traitement du cancer.

Il y a un second problème à cette pénurie: c'est qu'elle dure. Les corporations de médecins ont bien accepté d'ouvrir un peu les veines et d'augmenter les admissions dans les universités, mais c'est loin d'être suffisant. La solution se trouve, d'après moi, dans la destruction du statut social des médecins et dans l'anéantissement de leur caractère névralgique. Je reviendrai là-dessus dans un prochain article. En attendant, ne croyez pas que je veuille retirer aux médecins leur mérite.

La FTQ, d'autres syndicats et quelques organismes communautaires mènent actuellement une campagne très tiède pour la conservation du système de santé public. Vous pouvez signer une pétition ici, et une autre . Le Mouton Marron préfère encore suivre de loin les brutes syndicales que les chèvres à cravates, car si leur coeur parle rude et étatiquement, au moins c'est leur coeur qui parle.

Cependant, je crois que les hôpitaux devraient être gérés par les citoyen-ne-s des communautés réuni-e-s en assemblées, et non pas par des patron-ne-s actionnaires, ni par des bureaucrates. L'hôpital doit être un lieu humain, ouvert et polyvalent, et non pas un bureau de relations publiques ou une usine. Il ne doit jamais s'y faire de transaction bancaire, car l'argent lui-même est une plaie.

mardi 12 août 2008

Accrochage sur les plaines entre activistes et militaristes

Des membres antimilitaristes des groupes "Opération Objection", "Guerre à la guerre" et "Bleuets pour la paix" se sont réunis, dimanche dernier, pour dénoncer le financement, par le ministère de la défense canadien, des cadets de l'Air. Ces derniers s'étaient mis en rang pour accueillir le descendant de Charles Lindbergh, à Québec. Les militant-e-s, une quinzaine, ont perturbé l'évènement avant d'être menacé-e-s par des parents en colère, qui étaient fiers de leurs apprentis militaires.

Je vous suggère de lire cet article du Devoir pour vous renseigner davantage sur le but de l'évènement organisé dans le cadre du 400e anniversaire de Québec.

Devant les prostestations des activistes, un gros type, entre autres, aurait menacé d'agression deux jeunes femmes dont nous ne publierons pas ici le nom. Soit dit en passant, les Cadets, qui sont mis en contact avec la culture belliqueuse par des exercices militaires, des conférences militaristes et par des cours de tir à l'arme à feu, ont entre 12 et 17 ans. C'est la petite école du crime contre l'humanité.

Note: Le même article, publié sur CMAQ, renvoie à ce blogue en raison de la présence de liens fonctionnels. Les activistes du Mouton Marron ne comptent malheureusement pas parmi les organisateurs et organisatrices de l'évènement.

lundi 11 août 2008

Meurtre perpétré par des policiers.

Le Mouton Marron réclame justice pour Freddy Villanueva! La prison, qu'on impose aux petits criminels de toute sorte, est toujours épargnée aux assassins qui brandissent les lois.

L'émeute d'hier n'était que la conséquence inévitable des mensonges répétés et des exactions policières. Certains y voient la réponse des gangs de rue vis-à-vis l'action des autorités; moi j'y vois la réponse de l'indigence (40% des ménages de Montréal-Nord vivent sous le seuil de pauvreté) à l'oppression policière (40 personnes tuées à Montréal en 20 ans).

Il n'y a pas d'émeutes quand une descente de police provoque la saisie de 100 kilos de cocaïne, il n'y en a pas non plus quand des pimps sont arrêtés. Il y en a quand des jeunes sont tués par des brutes. C'est la police qui crée les émeutes par son oppression; elle doit apprendre la prudence ou disparaître dans le chaos et la violence, ce que moi-même je ne souhaite pas (je souhaite qu'elle disparaisse dans d'autres conditions).

J'espère que le meurtre de Freddy Villanueva sonnera des cloches aux plus modéré-e-s parmi nous, qui doivent comprendre que non, la police n'est pas là pour protéger notre intégrité; elle suit un intérêt qui lui est propre, elle est un lobby, et elle a des armes.

samedi 2 août 2008

La social-démocratie et les riches.


La social-démocratie, décrite comme étant un système parlementaire capitaliste et répartiteur de richesses, est une manière, pour les puissants, de mieux parvenir à leurs fins. Les leaders sociaux-démocrates sont des égoïstes éclairés: ils savent que donner une pause au bon moment aux ouvriers et ouvrières augmente leur productivité, de même qu'ils savent que garantir leur santé assure leur constance. Ils ont donc bâti un savant filet social dont les garanteurs sont la plupart du temps la masse elle-même (regroupant les plus basses couches sociales à la petite bourgeoisie, constituée de castes professionnelles). Cette masse, c’est celle qu'ils exploitent; eux ne payent que peu ou pas d'impôts et de taxes, ou quand ils en payent, c'est qu'ils peuvent augmenter leur salaire en conséquence afin de continuer à nager dans l'opulence.

La social-démocratie, c'est encore et toujours un système à deux vitesses: les ultrariches, surtout les entrepreneurs pouvant faire endosser leurs goûts du luxe par leur compagnie (et ainsi bénéficier d'une remise d'impôts), conservent les privilèges de l'Ancien Régime grâce aux paradis fiscaux... et sont donc partiellement exemptés des ponctions fiscales dont ne peuvent s'évader facilement les indigents eux-mêmes. Bref, les riches garantissent le strict minimum aux citoyens et citoyennes en vue de se garantir à eux-mêmes le strict maximum. Il en va de même pour le nouveau système de santé mixte que l'on veut imposer à la population. Les dirigeants ont en effet commis l'irréparable dans les années soixante, en instaurant un système entièrement public: il ont brûlé leurs chances de bénéficier d'un meilleur traitement que les pauvres. La semi-privatisation leur permet à nouveau de se faire soigner plus rapidement, sans pour autant trop endommager, à court terme, le bétail humain qui trime à les enrichir.

Certaines personnes tentent de me faire croire que la venue du système de santé mixte, au Québec, signifie la vidange de la social-démocratie; en ce qui me concerne, je crois plutôt que c'en est le comble.

Mise en garde contre la soi-disant innovation

Mario Dumont défend, depuis plusieurs années, l'autonomisme provincial, déclarant à qui veut l'entendre que l'idée est de lui, alors que ce courant de pensée était déjà présent sous Honoré Mercier à la fin du XIXe siècle (Linteau, Durocher, Robert :Histoire du Québec contemporain, p. 322). Les libéraux trouvent une nouvelle recette miracle dans les PPP et la sous-traitance, alors que ces processus dépassés datent de l'Ancien Régime. Les entreprises pharmaceutiques nous proposent des pilules miracles qui sont en fait des extraits végétaux utilisés depuis 2000 ans dans toute chaumière commune.

Il faut se méfier des libéraux et des capitalistes qui parlent d'innovation. Ce n'est souvent qu'un vernis cachant quelque chose de pourri. Lucien Bouchard, Joseph Facal et les autres politiciens grabataires ayant signé le manifeste Pour un Québec lucide (en voici un bon résumé, truffé de sous-entendus, écrit un an plus tard) parlaient d'innovations et de "révolution": derrière ces beaux mots, il n'y avait en fait qu'une restructuration néolibérale du Québec, une restructuration ayant pour modèle le système du début du XXe siècle. Mieux, ici on utilise le lustre de la "nouveauté" pour faire avaler à la population des réformes dont elle ne veut pas. La voyant récalcitrante à vouloir retourner en arrière, les bonzes du capitalisme sauvage s'écrient donc: "Les Québécois sont réfractaires au changement!" alors qu'on leur propose de redevenir encore plus esclaves non pas du chacun-pour-soi, mais bien du chacun-pour-les-millionnaires.

Il faut se méfier du discours sur l'innovation des bourgeois, parce que ce sont eux qui sont au pouvoir, et pas nous; comme le prisonnier doit s'inquiéter d'un nouvel instrument de torture acquis par ses bourreaux, les petites gens doivent rester sceptiques devant ces nouveautés qui ne sont finalement que de vieux joujoux réhabilités destinés aux riches.

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Ces jeunes créateurs de richesse de la Commission Jeunesse du PLQ viennent de passer une résolution afin de faire tripler les frais de scolarité au Québec. La CJ-PLQ compterait pour 33% des voix du Parti Libéral. Si vous habitez près de Sherbrooke, il vous reste encore un jour pour vous exprimer devant les congressistes réunis en fin de semaine.