mardi 8 juillet 2008

L'indépendance du Québec (première partie)

Je compte dédier mes prochaines chroniques à l'indépendance du Québec. J'entame ce sujet avec une parenthèse autobiographique.

Je ne veux pas faire le procès du regroupement pour le oui et de celui pour le non, mais il semble bien que les scandales de financement et les manipulations légales font de ce référendum une farce. Les souverainistes prétendent qu'on leur a volé leur pays (lire Robin Philpot); peut-être avec raison, mais on accuse les gens du oui d'avoir également commis des fraudes pour mousser les résultats... l'histoire arrivera peut-être à un consensus d'interprétation là-dessus dans quarante ou cinquante ans, quand de nouvelles informations seront disponibles aux archives, ou bien encore quand ce consensus sera imposé par les puissants.

J'avais neuf ans à l'époque, mais j'étais déjà un fervent souverainiste, comme toute ma famille: je criais "Vive le Québec libre" partout, brandissais naïvement un fleurdelisé ou me drapais dedans (le tissu était doux).

Dix ans plus tard, ayant rencontré une néo-felquiste aveuglée par un fanatisme débile qui lui faisait nier des évidences, je me suis rendu compte que j'avais tort de me décrire comme un nationaliste; j'ai compris que je ne vénérais jamais les symboles de la nation pour eux-mêmes. Le fleurdelisé monté sur un mat me rappelait invariablement le vent et l'odeur de la mer, avec toutes ces gouttelettes qui crépitaient sur mon visage quand les vagues explosaient contre un cap, en Gaspésie. Le harfang des neiges était gracieux et me rappelait mes escapades en hiver; le « Gens du Pays » de Vigneault me ramenait à mon contexte familial, celui de l’anniversaire de quelqu’un-e, et d’un gâteau immense qu’on avait l’habitude de cuisiner ensemble. J’étais manipulé par mes souvenirs heureux, que j’identifiais de manière erronée aux avatars de l’État québécois. Le vieux piège de la publicité. Je voulais du Québec comme je voulais du Mcdo.

Aujourd’hui, quand quelqu’un me montre un fleuve, une vallée immense, des collines, une forêt de conifères, je ne m’exclame plus « C’est le Québec! », mais bien « C’est un fleuve, une vallée immense, des collines, une forêt de conifères. »

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